C’est la question que l’on peut légitimement se poser à la lecture de la synthèse et conjectures faites par le New Zealand Herald, article provoqué par les interviews et déclarations récentes de Sir Russell Coutts. Moins de trois mois avant la publication du protocole de cette 35ème Coupe, cela se précise. Le point crucial serait une limite de budget à 80 millions USD (60 M€). L’argent de poche que veut consacrer Ellison d’ici 2017 ? On est loin des montants évoqués pour la 34ème (200 M. USD). Somme sur laquelle Coutts, en bon defender, entendrai donc aligner les challengers. Selon le principe que ma contrainte deviendra ta contrainte ou bien une vraie volonté de diminuer l’impact du plastique dans l’obtention du trophée. Soyons bienveillant. Reste à savoir comment (et par qui ?) les budgets vont être suivi.

Aile et coques communes: les designers des foils au centre du jeu technique

C’est LA nouveauté évoquée dans cet article,  évacuer à la fois  le design des coques qui ne servent à (presque) rien une fois dans un élément 1000 fois moins dense que l’eau et beaucoup plus surprenant celui des ailes. C’est à dire le moteur principal de ces fusées véliques (Ellison ne plaisanterait alors donc pas quand il coupe un budget ;-) ). Ce qui fait que hors écarts de fabrication et les subtilités de jauge, les maîtres de la mécanique des fluides vont se recentrer sur les boosters (voiles d’avant) et les surfaces immergés induisant le vol. Hypothèse cohérente pour réduire les coûts de développement et favorise le projet français pour peu que Cammas sache retenir nos talents stratégiques et les persuader que la vie en Bretagne sud vaut celle à San Francisco ou sur la baie d’Auckland.

Moins d’équipiers et un circuit sur AC45 à foils

Un objectif de 6 challengers potentiels -avec une clause de nationalité pourtant évoqué avant par Coutts qui disparait dans l’artice du NZH- (Australien, Néo-Zélandais, Anglais, Français, Italiens ont exprimé déjà des voeux, resterait alors un 6ème:  Suédois/Chinois/Coréens/Omanais … ), les 4 meilleurs sur un circuit AC45 à foils dans les pays challengers qualifiés pour la Louis Vuitton. Certains pensent que c’est pas bon pour chasser la baleine mécène/sponsor de ne pas être sur de figurer (dans tous les sens du terme) lors de la phase finale de sélection du challenger devant affronter Oracle. D’autres considèrent, qu’il  s’agit de construire des projets avec des objectifs (et budgets) intermédiaires à valoriser. On tombe alors de moins haut :-) rajoute les esprits grinçants.

LV cup et Coupe finale se joueraient alors sur des catamarans de 60/65′. La réduction de la taille étant le premier élément d’économie, elle induirait aussi un équipage réduit à 7/9 équipiers au lieu de 11 sur les AC72. Conséquence les places à bord vont être chaudes pour jouer à San Francisco (90% chez les bookmakers) en 2017. Ici le NZH souligne le conflit potentiel avec l’ISAF qui peut exiger que « ses » top sailors se consacrent uniquement à la régate d’une fois tous les 4 ans avec des anneaux et surtout, à mon sens,  le nouveau circuit mondial  lancé dès 2015. Ce qui n’est pas anodin.

C’est en Mars prochain que le defender Oracle lâche le protocole avec tous les détails diaboliques qui font le sel de ce jeu.

texte modifié sensiblement après publication, suite ma mauvaise lecture de l’article du NZH, dont je vous prie de m’excuser. Merci aux lecteurs attentifs, et mieux réveillés, en ce dimanche post-fêtes.

Après la première journée de confrontation en vraie, on dépasse la bataille de comm. un peu lassante, il apparaît que les Peyron ont eu le nez creux en faisant confiance au projet des jeunes français. Projet que la fédération a su reprendre au vol et accompagner.

Malgré moins d’entraînements sur les AC45, l’équipe composée principalement par des jeunes issus de la filière jeune du catamaran (ne pas oublier la pétition ;-) ) tire son épingle d’un jeu âpre et intéressant.

Petit rappel: Antoine Lauriot-Prévost est un barreur qui mérite son prénom est surtout et aussi Champion d’Europe Hobie Cat 16 jeune. Hubert Savatier le tacticien a été Champion du Monde jeune en Formule 18 avec Charles Hainneville un des initiateurs des projets montés par des jeunes du cata. Avec Romain et Valentin Bellet Champion (SL16) et vice-Champion (HC16) du Monde ISAF jeune, la cata touch est donc prédominante à bord de l’AC45. Arthur Ponroy, Paul Dagault et Edouard-Marie Alikiagaléléi (bon gabarit) complètent ce noyau de jeunes catamaristes de pointe dont l’âge est compris entre 19 et 24 ans. Le travail fait à l’ENV, avec l’Extreme 40 de Groupama avec la couche de finition de Monsieur Espagnon cela a été efficace et sérieux même sans passer par les sélections qui a écarté, entre autres des vickings Danois.

Malgré des départs, essentiels dans ce jeu, médiocres, les grenouilles ont su remonter soit par des coups tactiques, soit par une rigueur de préparation qui leur a évité des aléas mécaniques comme pour USA1 ou AUS. Les images et le spectacles sont superbes, la baie de San Francisco « tricky » à souhait et la réalisation digne des ACWSeries, soit le top de la voile télévisuelle. Les équipages sont aggressifs et même devant racler la bouée fait partie des options. Il y a bien de la jeunesse et de la fougue, toutes les manoeuvres ne sont pas parfaites, même si le niveau général s’avère remarquable. Dans le sens aussi où en terme de spectacle les « djeuns » sont à la hauteur de leurs ainés. L’AC45 en flotte c’est un super support, parfait ambassadeur de la voile sportive. Il y a des fautes, des retournements, c’est un très bon moment à ne pas rater et ça recommence ce soir. Top !

Dans ce contexte la régularité des français (4-3) est non seulement payante, mais elle montre surtout une belle maturité à confirmer durant les trois jours à venir.

Avec des départs réussi, il est possible de penser que les français pourront résister aux Aussie malheureux ce premier jour, Kiwis médaillés de l’Olympe et autres locaux qui mâchent du chewing-gum. Un petit mot sur les surprenants Portugais et les incroyables Suédois, juste pour dire que les commentateurs vont devoir parler d’autres équipages que des pays venant de pays anglo-saxons non européens. Non, mais, j’ai le droit d’être chauvin et je regrette l’absence d’un duel latin avec les italiens qui ont pourtant une squadra de jeunes toxiques en bicoques et une paire d’ AC45 qui traînent.

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