Pas seulement parce qu'il a fait du Tornado ;-) photo FT

Raison n°5: parce qu’il est double Champion Olympique

C’est le seul français en voile, dans ce cas, au moment où la France est candidate aux JO de 2024, c’est un  plus indéniable dans la candidature tricolore.  Il connaît et la mécanique du haut-niveau et aussi celle du succès répété. Au stade où est tombé la fédération c’est nécessaire.

Raison n° 4: il connaît bien la fédération, les logiques de ministère et l’entreprise

Sportif de haut niveau, c’est une connaissance intime de la mécanique fédérale du club à l’équipe de France. Une brillante reconversion via HEC, Nicolas Hénard  a eu le privilège de collaborer avec Jean-François Deniau guerrier/écrivain/académicien, grand serviteur de l’Etat . Ils ont effectué ensemble une célèbre traversée de l’atlantique. Il sait donc ce qu’est l’intérêt général et les rouages des ministères. Enfin et ce n’est pas inutile vu l’effondrement du budget fédéral pris en étau entre la baisse des licenciés et le maintien de dépenses inutiles et somptuaires, Nicolas Hénard a su effectuer une remarquable carrière dans le privé.

Raison n°3: car il ne prétend pas tout savoir

Contrairement à ceux qui  diffusent des pensums de 70 pages alors que leurs idées calamiteuses (intersérie imposée, haut-niveau étanche, cloisonnement des niveaux de pratiques, haine des classes) sont à l’origine du déclin fédéral, Nicolas Hénard écoute ceux qui se battent sur le terrain pour des petites équipes de club, réussissent à salarier un ou deux permanents, lancent un projet sportif pour adulte, se décalent par rapport aux oukazes de supports de la rue bocquillon, rapportent une médaille de Championnat de France…

Raison n°2: parce que son équipe s’avère forte et expérimentée et son programme intelligent

Des voileux de tous niveaux, de toutes origines, un kiteur (Nicolas Hénard ne confond pas fédération et  annexion sauvage ). 75% de têtes nouvelles, c’est le renouveau dans la continuité. Des Champions (beaucoup), des techniciens très pointus (Jean-Pierre Salou), des arbitres, des dirigeants de clubs, de  CDV et de ligues forment un pack remarquable. Frédérique Pfeiffer administratrice sortante de Changeons NOTRE fédération, apporte l’analyse et les préconisations de ce mouvement issu du terrain en 2012 et qui a disséqué les erreurs de Jean-Pierre Champion. L’actuel président qui soutient aujourd’hui l’autre liste . Sans éluder les difficultés, le programme de Nicolas Hénard s’avère joyeux (« Réjouissons nous de voir des voiles sur l’eau ! »), vif, malin et pragmatique.

Raison n°1: car la lame de fond est en train de bousculer le système en place

En Nouvelle Aquitaine, les trois (3 !) candidats, dont une sortante,  de la liste soutenue par Jean-Pierre Champion,  écartés par les clubs pour représenter la ligue à l’AG élective… Ce qui pose un vrai souci de légitimité pour la liste soutenue par l’actuel président de la FFVoile. Malgré les pressions amicales ou pas, les petites ligues élisent des délégués pas très enclins à voter pour la liste  soutenue par  un Jean-Pierre Champion, qui n’ose même pas se représenter . Un des plus grands clubs de France qui innove et vote en interne pour Hénard, écarte un sortant/candidat sur la liste soutenu par l’actuel président. La Bretagne en feu, où les clubs menacent de quitter la fédération et où le président de ligue comprend enfin l’écart entre les clubs et la fédération. Un CDV nordiste où le président sortant est écarté malgré la présence et le soutien de Jean-Pierre Champion, complète un tableau qui explique l’agressivité à laquelle doit faire face Nicolas Hénard.

Plus que le rejet de l’échec de la méthode de Jean-Pierre Champion (Londres, Awoo, WS, baisse constante des licenciés, perte des partenaires, budget en déficit), c’est bien la dynamique de la lame de fond, qui vient des licenciés et des clubs,  qui porte et doit  permettre à Nicolas Hénard d’être un grand Président de la FFVoile.

Franck Tiffon, administrateur de la FFVoile (2012/2017), liste Changeons NOTRE fédération.

Les français au top du catamaran de sport. photo FT

Les 4 titres mondiaux consécutifs de Billy Besson- Marie Riou constituent un exploit phénoménal. Oublier le parcours, la 7ème place de Moana Vaireaux- Manon Audinet serait injuste. Frank Cammas le surdoué de la course au large est venu, avec une vraie humilité tout en se donnant des moyens conséquents, jouer dans l’arène des dingues. Cammas  sans son accident, au vu d’une belle semaine à Barcelone lors du dernier Championnat d’Europe, aurait pu placer un 3ème équipage français avec Sophie De Turkheim haut dans la liste de résultats.

Exception culturelle

Franck Citeau a beau expliquer que les bateaux tricolores sont à la jauge et inviter ses homologues étrangers à venir les voir de près, durant Clearwater, les grenouilles n’ont pas échappé à l’attention particulières des jaugeurs. C’est normal. Mais les arbitres regardent du mauvais côté, surtout que le Nacra 17 n’est pas un catamaran français…

On comprend facilement que cette french touch  hérisse un peu un monde anglo-saxons qui considère le jeu de la régate comme un espace privé, largement dominé par l’empire britannique dans la plupart des segments.  La belle interview de Mitch Booth,  90 minutes qui  s’écoutent comme un roman agit comme un révélateur. La légende vivante de notre sport montre que si la hollande est l’autre pays du fromage (et un pays d’adoption), l’australie est surtout l’autre coeur de la culture catamaran forte. Pour mémoire Jason est le fils de Rod Waterhouse, il navigue avec sa cousine Lisa. Family story et Hobie/Tornado way of life.

Le catamaran de sport a apporté le tiers des médailles d’or françaises aux JO en voile depuis la seconde guerre mondiale.

Et en seulement 9 olympiades, cela peut piquer les yeux ;-) . Il y a donc une vraie culture haut niveau du catamaran de sport construite en France. L’épicentre en est l’ENV et cela rayonne jusque dans les conches perdues et outre mer.

Le plus remarquable s’avère l’économie de moyens. Pas de pôle, pas de structure dédiée, des budgets fédéraux dérisoires accordés aux techniciens (5.000€ pour les jeunes tops de la F18 durant des années…). Il ne s’agit pas ici de briller dans des compétitions franco-françaises en surfant sur la légende de Tabarly , sur le JT de TF1 ou les grosses têtes de RTL, mais de tailler des croupières (ou se faire tailler des shorts) à l’international. Cammas a intégré cette démarche et ce gagneur « quasi-pathologique », selon le titre de son livre, n’a ainsi pas choisi le catamaran de sport par hasard.

La capacité française à briller en catamaran repose d’abord sur les mémoires vivantes de Beg-rohu et son plan d’eau idéal.  Et aussi sur l’énergie sportive des clubs qui ont su maintenir un haut niveau de compétition nationale malgré une politique fédérale destructrice depuis 2010. Les clubs FFVoile ont montré une belle capacité pour résister aux erreurs multiples, les brimades injustes, les impasses de supports et continuer à former des jeunes talentueux.

Ici c’est la force du logiciel libre face à la centralisation sur le mode Microsoft. L’énergie de développement de multiples acteurs est plus forte qu’une entité unique aussi grosse soit-elle. Reste à la seconde pour survivre que de tenter d’étouffer par sa masse, la première. Funeste tentation.

Sélectionner sur l’eau, pas sur dossier, est une vraie clé de la réussite à l’international.

Le choix du comité de sélection Olympique est de s’en tenir dorénavant à l’établissement des règles et plier devant la performance, même si, ce ne sont pas les favoris. C’est sage. Qui ose contester le choix de Billy Besson et Marie Riou ? Le respect se gagne sur l’eau.

En revanche, six -6- équipages 49er masculins dans la délégation française à ClearWater (seulement deux -2- équipages féminins en 49er: un titre féminin vaut moins qu’un masculin ?) et seulement deux -2- équipages mixtes Nacra 17, cela pose question. Continuer de discriminer en fonction du choix du support (et accessoirement du sexe…), ignorer ou mépriser assez ouvertement, une recette qui fonctionne pour s’imposer sur le long terme, c’est fortement dommageable.

D’autant plus que les jeunes issus de cette filière d’excellence portée par les clubs, brillent dès qu’on les laisse s’exprimer sur l’eau dans le registre de la voile sportive moderne: du Tour de France à la Voile (2016 enfoncera le clou), à la Red Bull Foiling Generation (7 sur 8 en finale) où leur niveau d’excellence internationale est reconnu par  Steinacher qui a vu les tops de 8 nations en 2015.

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