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Les foils en Z permettent de voler assez facilement. photo FT

A la veille du Championnat du Monde Nacra 17, autour du retour d’expériences des  deux premiers équipages français qui ont régaté avec le nouveau support olympique sur le Championnat d’Europe à Kiel fin juillet, découvrir avec un angle ouvert ce nouveau support olympique conçu pour redonner un élan à la voile aux JO, s’avère opportun.

Thomas Tiffon, finaliste de l’étape française de la Red Bull Foiling Generation en 2015 sur Flying Phantom et accompagnateur pour des découvertes du foil sur le Whisper a touché son Nacra 17 upgradé, ce qui n’est pas une mince affaire,  par Francis Ferrari de Sailfast à la mi-juillet. Kiel a été un baptême du feu avec quelques bons coups (une bouée en tête, une manche de 14) pour ce rookie du circuit olympique. Comme tous il a eu à changer ses appuis bas de foils pour un modèle plus complexe et les appendices qui prennent l’eau et avec un vernis fragile. Nacra, comme pour les mât en 2013, corrige le tir avec une efficacité qui n’efface cependant pas l’agacement des coureurs.

Le Nacra 17 va vite facilement, aller très vite est une autre histoire qui est en train de se construire

Après le rendez-vous de la Baltique, quelques jours d’entraînements mais surtout pas mal de runs en fun avec des anciens équipiers de Hobie 16 ou Formule 18 et des baptêmes avec des néophytes ébahis, au large des cabanes des Nonnes  du CN Meschers ont permis d’avoir une première idée du bateau.

Expérience qui confirme l’avis de Francis Ferrari; que par rapport à un Nacra 20 dont il a une belle expérience, Francis Ferrari trouve le Nacra 17 plus facile d’accès, donnant de bonnes sensations, sans être dépassé tout de suite par la machine.

Bémol; 20 kg de plus sur la balance par rapport à la version de Rio,  ne sont pas anodins et font râler les anciens du circuit. Pas que Franck Citeau d’ailleurs, les ex-Tornadistes, Darren Bundock, Fernando Echevarri ne sont pas en amour avec cette nouvelle version.

A Kiel la nouveauté avait été l’utilisation du spi au près dans le vent inférieur à 7 noeuds. Avant le mondial, les coureurs ont voté, après une longue discussion et un résultat serré, mais avec  une bonne vision du futur de cette flotte naissante,  pour une première limitation du spi au près dans le mou, sur le Championnat du Monde (spi + trapèze interdit ). Le comité de course est allé plus loin en interdisant le spi au près sur ce Championnat. Sage décision qui suit l’avis des architectes Melvin Morelli. Gunnar Larsen, boss de Nacra, dit que la bateau n’est pas conçu, ni construit pour accepter la charge du spi/gennaker et double trapèze au près. Objectivement, cela détruit la voile d’avant à 1.350€ HT, en quelques sorties , l’accastillage n’est pas échantillonné pour, le bateau craque , cela allonge les bras des équipiers qui sont à 90% des équipières, et ne laisse que peu de choix de trajectoire.

Malgré les 4 pattes, la bête reste à dompter et le gybe en vol à acquérir, même pour les tops de la flotte. Ce que confirme le Champion Olympique Santiago Lange 55 ans, venu se frotter aux jeunes qui considère que le débat de savoir si c’est un bon bateau est dépassé et qu’il s’agit maintenant d’apprendre à l’utiliser.

Jason Waterhouse et Lisa Darmanin ont gagné une course en volant au près à Kiel: le jeu de la régate est ouvert

Plus stable que le Phantom dragster sur 3 pattes, d’où la sortie de sa version sage Essential, le Nacra avec ses 4 pattes permanentes demeure un bateau particulièrement exigeant. Le vol est sans l’aide de capteur d’assistance, qui rebondissent sur l’eau, à la Moth pour réguler automatiquement l’incidence du foil. L’accident de Bora Gulari, pourtant double Champion du Monde Moth à foil,  révèle que pousser ce support dans ces retranchement n’est pas à la portée du premier venu.

Les passages de marques à la mode Tita sont un régal et un objectif de travail, la chorégraphie au portant est superbe et télégénique, même si les bateaux ne sont pas beaucoup plus rapide qu’avant. C’était le souhait de WordSailing qui impose cette transformation aussi pour revaloriser la voile aux JO. Plus sportivement, malgré sa blessure au dos (Waterhouse alternait avec Bundock),  les australiens seconds à Rio, ont marqué les esprits à Kiel en gagnant une course par le jeu du super mode vitesse au près (à la Hobie 16 néo-caled.) qui permet alors de voler et ouvre ainsi fortement le jeu stratégique et tactique. D’autant plus remarquable qu’en speed test cela n’est pas gagné.

Plutôt facile d’accès, exigeant pour les meilleurs et permettant le jeu , le Nacra 17 nouvelle version a des caractéristiques similaires avec le dériveur star du siècle dernier. Sera-t-il le Laser des bateaux à foils ?

Laetitia Lefevre et Fiona Cauvin, Championne d'Europe vont défendre leur titre. photo ©Mairie de Cannes

Elles seront le porte drapeau  des français à Noordwijk, à l’occasion de la soirée d’ouverture du Championnat d’Europe qui se tiendra du 20 au 29 juillet. Les cannoises remettent leur titre de championnes d’Europe féminines en jeu. Petit jeu de questions/réponses.

Depuis de temps que vous naviguez ensemble? Avez-vous toujours navigué sur des Hobie ?

Toutes les deux, on s’est connu au club de voile de Cannes jeunesse lorsqu’on avait 7 ans il y a donc 16 ans! On a commencé l’optimist ensemble puis la planche à voile et le cata. On régate ensemble en Hobie cat 16 depuis 5 ans mais on ne fait que les régates car nos études ne nous permettent pas de nous entraîner…
Et d’ailleurs, nous voudrions énormément remercier notre club Cannes Jeunesse qui prête le bateau pour que l’on puisse continuer à régater.

Et cette Coupe nationale Hobie à Chatelaillon ?

La Coupe Nationale 2017 a été pour nous une nouvelle expérience très enrichissante tant au niveau navigation qu’au niveau humain. Sur l’eau, nous avons eu beaucoup de chance au niveau météo! Quasiment que du soleil et nous avons pu nous battre dans toutes conditions de vent et de mer.  A terre, l’organisation était parfaite! Les membres du club nous ont accueillis les bras ouverts et ont toujours été disponible pour nous. Les soirées ont apporté une ambiance de folie et nous avons dansé jusqu’au bout de la nuit! Un vrai week-end « Hobie way of life »
Sur l’eau nous avons 3 moments mémorables:
-un exceptionnel dessalage sous spi où une vague nous a retournée comme une crêpe
-nous avons aussi eu le plaisir de croiser un filet de pêche qui nous a violement arrêté et nous a valu un petit tour dans l’eau
-et enfin, nous garderons en mémoire une manche ou nous passons la 1ere bouée très en avance par rapport au reste de la flotte… malheureusement, Orion Martin et Cédric Bader nous ont tout de même rattrapés et passés devant. Mais c’était super sympa de se battre avec eux… c’est certainement dans ces moments que l’ont apprend le plus !
Sudistes et équipage féminin, nous sommes bien plus à l’aise dans le petit temps…. c’est d’ailleurs quand le vent était faible que nous faisons les meilleures manches. Cependant, nous sommes beaucoup plus à l’aise que les années précédentes dans le gros temps, lorsqu’il y a du vent nous sommes juste obligées d’adapter notre navigation et de naviguer un peu plus « calmement ».
Le premier jour n’a pas été évident pour nous… même si le vent n’était pas extrêmement fort, la taille des vagues et le fait qu’elles soient très rapprochées nous a vraiment mis en difficulté… mais on a tenu bon.

Vous naviguez toujours en spi ?

Oui nous avons décidé de naviguer avec le spi parce qu’on s’amuse plus… sans le spi les descentes sont longues, et Fiona qui est équipière a tendance a s’ennuyer.
En plus lorsqu’il y a du vent les sensations sont beaucoup plus sympa. Donc dès que l’on peut on navigue avec le spi.

Quel est votre prochain défi pour 2017 ?

Notre prochain défi c’est l’européen 2017 Hobie Cat, qui aura lieu aux Pays-Bas à Noordwijk fin Juillet. Nous avons vraiment hâte de remettre en jeu notre titre de championnes d’Europe féminines. Cette année ce sera certainement difficile pour nous car nous avons entendu dire qu’il y avait souvent du vent fort à Noordwijk… mais on a hâte!

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