Dean Barker sait faire du mode vitesse, merci Glenn Master Yoda Ashby ? ;-)

Monsieur Dalton mouline fort

Après le spectacle remarquable des deux premières courses, quelques observations à partager. D’abord à regarder les tronches des moulineurs, bouche ouverte en recherche d’oxygène, les entendre hahaner comme des bêtes, fait que j’éprouve un grand respect pour Monsieur Grant Dalton qui à 56 ans vit son projet au milieu d’eux sur ETNZ. L’eau salé ça conserve, ou bien la rage du compétiteur.

Barker concentré, Spithill agressif (too much ?)

Dean Barker est bien concentré, élève appliqué et il ne se laisse pas entourlouper par l’agressivité télévisuelle d’un Spithill très engagé…au point de faire des erreurs comme un lof dans le start de la course 2, par trop violent et il se bloque tout seul, une enroulée de bouée avec plantage dans la 2 aussi, bref pas serein le prodige australien. Sérénité entamée aussi par un souci technique la peau de l’aile qui se décolle. Les Defenders vont avoir du travail pour bousculer ces All Blacks.

Alors kicékivapluvite ? (ou: de l’importance du speed test)

Les vitesses sont hallucinantes et surtout proches, ce qui est LA bonne surprise de cette première journée. Oracle légèrement plus facile au portant, mais ETNZ dans les conditions de ce premier jour apparaît plus véloce au près. Seraît-ce parce que Spithill semble bloqué sur un mode près serré alors que Dean Barker joue de la bouffe pour faire glisser son AC72. Ce qui peut expliquer l’écart sur le leg 5, aussi bien qu’une démotivation des Oracliens qui passent de 120 à 110% en cardio. vu que c’est plié à la régulière :-) . Techniquement, doit on voir ici la patte du septuple Champion du Monde de Classe A: Glenn Ashby ? Tirer sur le manche au près sans perdre d’efficacité est un art qui ouvre le jeu des catamarans de sport, en permettant de jouer sur la capacité mécanique d’accélérer plus longtemps que les bateaux lourds et donc lent.

Jean-Pierre Champion président de la FFVoile: « le tournant pris par l’America’s Cup est irréversible ». Ok ! sauvons la filière jeune catamaran alors ;-)

Le spectacle final va commencer, la dramaturgie est en place: un defender avec un handicap de deux points infligé suite une tricherie avérée sur le circuit préalable des AC45 monotypes, des catamarans gigantesques (trop ?) avec des ailes rigides qui volent et dépassent les 45 noeuds, tout est prêt pour vivre l’acte décisif de cette 34ème Coupe de l’América. Certains pleurnichent, regrettent les bateaux qui traînent du plomb et les régates en-dessous 10 noeuds. Perso j’aime bien les bateaux en bois, mais la nostalgie et le match-race en monotype, d’évidence, ne sont pas les sujets de cette compétition.

La Coupe demeure une bataille d’architectes, d’armateurs fortunés et de constructeurs pour être le plus rapide. Les catamarans légers et véloces font simplement tomber l’illusion entretenue par des bateaux lourds et lents des régates serrées.

Statistique à l’appui il est facile de constater que les deux points constituent un handicap assez relatif sur l’eau, mais qui permet d’alimenter les buses, pardon, le buzz. En effet, généralement le vainqueur écrase le vaincu. Ce qui confirme que l’histoire de l’América Cup est moins une histoire de technique de match-race entre deux bateaux équivalents, qu’une bataille d’architectes, d’armateurs fortunés et de constructeurs pour être le le plus rapide. Et l’argent amènent parmi les meilleurs marins. Marins dont le talent pour gagner est aussi d’intégrer l’écurie la plus avancée technologiquement avec les moyens qui vont avec.

Et là, l’argumentation, romantique certes, des tenants d’une pseudo tradition de duel avec circling, manoeuvres élégantes et photogéniques, tombe face aux chiffres froids. Avant le plus rapide passait devant mais comme la différence potentielle était infîme, 5% de 5 noeuds, cela fait 1/4 noeuds et c’est pas beaucoup , l’humiliation pouvait durer un certain temps. Cela créait l’illusion de régates serrées, uniquement l’illusion. Cette compétition c’est de la F1, et comme en voiture, sauf casse et glorieuse incertitude du sport, le bateaux le plus rapide l’emporte. L’interview de Gino Morelli s’avère sur cette question particulièrement éclairante.

Ceci dit, soyons fou un instant et imaginons que ces deux points soient décisifs…

PS: le replay des deux premières courses

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