En 2016: du beau sport, du plaisir et de la lisibilité/visibilité. photo: FT

2016 va être copieuse pour le top niveau du catamaran. JO, étape des ACWS en France, Mondial Hobie 16, Européen F18 à Brest, TFV,  seront parmi les points forts d’une saison sportive qui va de mars à novembre et dont les rendez-vous nationaux et internationaux sont nombreux.  Très nombreux. Trop nombreux ?

Du beau sport !

D’abord car c’est la santé. Plus sérieusement dans ce registre que nos camarades du classe A subliment la distinction volant/archimédien sans diviser cette belle classe de développement technique.

Que les Hobistes, Dartistes, Nacraistes, F18istes, F16istes, ClasseAistes, Phantomistes,  progressent et rapportent des podiums internationaux après de belles luttes à chaque bouée.

Que les sélections pour représenter le pays se gagnent en fonction des résultats sur l’eau, pour les JO et aussi chez les jeunes. Il est en effet assez surprenant qu’aucun (0)  des 8 finalistes de la Red Bull Foiling Generation n’ait été retenu dans la première fournée du beau projet Team France – Morbihan. Il est facile de comprendre que la fédération privilégie (7/10) les jeunes qu’elles recrutent dans ses structures dédiées aux monocoques. Mais régater à haute vitesse sur deux coques de n’improvise pas en quelques mois et les brillants jeunes locaux (3/10) pratiquants du catamaran retenus ne sont pas que des lièvres.

Que la spécificité de notre sport soit enfin reconnue et admise. Franck Cammas pour progresser en AC45 à choisi le Nacra 17 pas le 49er, ni le SB20 ou le Longtze. En observant de près Iker Martinez est un grand champion issu du dériveur moderne, mais il n’a pas la fluidité ni la glisse d’un Billy Besson ou d’un Jason Waterhouse. Le jeune australien de 24 ans est issu du Hobie Cat 16, d’un peu de F16/F18, a impressionné sur la dernière Youth America Cup avant d’emporter le test event de Rio devant Billy Besson/ Marie Riou. Il s’agit moins de hiérarchiser que de reconnaître les spécificités, l’identité d’une pratique qui reste ouverte.

Enfin, dernier voeu de cette rubrique que les jeunes filles et garçons qui pratiquent le catamaran de sport puissent avoir enfin un Championnat de France dédié  au moins de 25 ans sur lequel ils joueront sur des supports identiques.

Du plaisir

Que la température soit de 22° , la force du vent 15 knot sur la plupart des sorties. Que l’alanguissement dans la molle ou la montée d’adrénaline dans la baston soient librement consentie.

Que les parcours soient beaux, les lignes mouillées légèrement babord pour étaler la flotte et éviter la loterie du black flag. Que les jurys viennent sur les épreuves catamaran pour observer le fairplay sur l’eau et donc n’ayant rien à faire après ,  puissent boire des coups le soir avec les coureurs.

Que les bénévoles d’épreuves, les entraîneurs et parents  soient heureux du spectacle,  des performances et surtout des progrès des compétiteurs. Enfin que ces derniers s’éclatent dans le jeu de la régate  rapide.

De la lisibilité/visibilité

Que la retransmission des épreuves majeures soit ouverte le plus largement (Meheut oui, c+ possible).

Que les titres nationaux soient lisibles et prévisibles.

Que les formats novateurs et intenses du type du Bordeaux Cata Raid, de la Red Bull Foiling Generation ou des records locaux  deviennent la  composante forte et attractive  de notre sport comme l’a été le raid, il y a 25 ans.

A quand un Championnat espoir (-24 ans) en Nacra 17 ? photo FT

La Red Bull Foiling Generation est un traumatisme pour les certitudes de certains responsables fédéraux. Sur les 8 finalistes, 7 sont issus de la filière catamaran club. Un seul , Arthur Boc-Ho, en pôle ( 29er ) et là, il est possible de s’interroger sur l’absence de pôle FFVoile catamaran. Des brillants Champions d’Europe, vice-Championne d’Europe de monocoque, éliminés sèchement, ont maintenant un doute: les jeunes issus des clubs qui se consacrent au catamaran ne sont peut-être pas aussi mauvais que ce qu’ils entendent.

L’excellence de cette filière club est reconnue, au point que la FFVoile  reprend dans sa communication officielle les propos du double médaillé olympique autrichien Hans-Peter Steinacher: « La France est un pays depuis longtemps tourné vers les multicoques, donc on savait avant de venir ici que l’on y trouverait de grands talents, mais je dois dire que nous sommes très impressionnés »

75%   des jeunes finalistes de la Red Bull sont passés par la pratique du Hobie Cat 16, c’est le même remarquable ratio en équipe de France Nacra 17 . Or le Hobie Cat 16  a été éjecté de la filière jeune FFVoile en 2012.

Pour finir d’enfoncer le clou un dernier fait: la moitié (quatre sur huit) des finalistes de cette régate ont obtenu un podium sur le Championnat d’Europe jeunes Hobie Cat 16.  Pas moins de 75% , (six finalistes sur huit),  sont passés par ce support populaire et rustique: le Laser du catamaran. Ce remarquable ratio est le même qu’au sein de l’équipe de France Nacra 17 (trois sur quatre ont des titres en Hobie Cat 16). Malheureusement, pour mémoire le Hobie Cat 16 a été éjecté de la filière jeune par la FFVoile en 2012.

Les jeunes espoirs Australiens, Brésiliens, Danois, Italiens en Nacra 17 vont faire du Hobie Cat 16: seulement une sale manie ? Comprendre que faire du Hobie 16, même sans spi est une bonne préparation au support Olympique (poids, mixité, densité de la flotte, sensibilité à l’accélération et au positionnement du corps) est maintenant assez évident.

Après la démonstration du Taureau Rouge les candidatures de monocoquistes aux sélections ENV/Groupama explosent: c’est top !

Plus de 150 jeunes français veulent faire la Youth (-23 ans)  América Cup en 2017 avec les sélections pour 30 d’entre eux dans 15 jours, 12 les plus motivés seront entraînés, 6 resteront.  Ils seront complétés principalement par  des Olympiens ou quasi-Olympiens qui pourront faire  la session de rattrapage en août après Rio. Les tickets seront chers avec des palmarès sur une  coque plus que significatifs. Le programme d’apprentissage et de remise à niveau sur un deux coques, volant de surcroît, permettra un heureux brassage.

D’autant que grâce à Bic Sport qui fourni les Flying Phantom, Groupama pour les GC32, plus le Conseil Général du Morbihan les moyens mis à disposition sont conséquents pour l’ENV et la FFVoile.

Mais cette attirance, ce mouvement fort et nouveau peut faire craindre qu’il  va se faire au détriment de supports  perçu  comme moins attractifs  et fun. Après 18 mois de Flying Phantom ou GC32, retourner sur un support archimédien demandera une volonté très forte.

Ces aubaines pour les jeunes ne doivent pas faire passer sous silence le devoir d’équité  élémentaire d’une fédération vis à vis de ses pratiquants. Les jeunes de la filière catamaran sont aujourd’hui lésés par rapport à ceux qui ont fait le choix d’autres support. Cela ne doit plus durer.

L’absence d’une action  fédérale de formation des jeunes sur le Nacra 17 à l’instar des autres séries olympiques est triste.

Lors du dernier Championnat d’Europe Nacra 17 à Barcelone, il y avait des équipages jeunes Danois (2) , Allemand, Italiens (3), Néo-zélandais, Anglais, on sait que les Australiens sont sur le coup aussi . Ici l’absence d’une volonté FFoile est manifeste: il reste à ce jour (et je le déplore sincèrement) deux équipages français jeunes en Nacra 17. Le transfert de la forte compétence française vers les jeunes doit se faire et heureusement c’est la volonté de techniciens impliqués.

Comme la marche est haute, surtout en l’absence de pôles dédiés aux catamarans, une des mesures à prendre pour garder ce tissu de clubs actifs serait de créer un Championnat de France Espoir Nacra 17 (-24 ans pour se caler sur la limite de la classe) ainsi qu’une délégation spécifique sur le Championnat d’Europe jeune Nacra 17, ce qui permet de compléter un dispositif qui s’arrête au SL16 pour les moins de 20 ans.

Franck Tiffon, administrateur de la FFVoile, liste Changeons NOTRE fédération

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