Cette vidéo est l’illustration des propos de Philippe Presti , le coach d’Oracle, dans Sud-Ouest: « Avant, il fallait naviguer pour partager les émotions, c’était un sport participatif. Avec les AC72, la voile est spectaculaire, belle à voir et à la limite, on n’a plus envie d’être à bord, parce que c’est un sport extrême. Cela a marqué les gens, même les personnes qui ne sont pas familières de notre sport. »

Comme prévu au fond, les plus rapides ont gagné ! Cependant la forme révèle une incroyable 34ème Coupe du XXIème siècle. Bravo M. Couts. Les gars d'Oracle sont revenus du diable vauvert, menés 1 à 8 pour coiffer au poteaux des Néo-zélandais effondrés 9 à 8. Bravo à tous ! Photos: ACEA Gilles Martin-Raget

Ceux qui dénigraient le catamaran finissent de manger leur chapeau après avoir vibré devant le spectacle offert

Laissons les analystes nous expliquer doctement ce que nous avons vu et qui est, après tout, l’essence de la Coupe, je préfère l’humour de Verdier qui dit qu’il a travaillé sur les coques mais constate qu’elles sont la plupart du temps hors de leur élément. Ceux qui dénigraient le catamaran de sport finissent de manger leur chapeau après le spectacle de ces fusées volantes qui permettent des courses extraordinaires. Plus sérieusement j’ai une pensée et une admiration sans borne, pour tous ceux qui ont vécu cette Coupe, les vainqueurs, les vaincus et comment oublier  Bart Simpson.

Soyons Prométhéens, regardons devant et essayons de comprendre que  la France peut gagner la prochaine Coupe de l’América.

1-Les meilleurs ingénieurs/architectes sont français

Kermarec, patron des tellement importants appendices qui font voler les AC72,  Ozanne, Despierre, Mignard chez Oracle, Muyl, Verdier chez ETNZ, ont le vécu de la genèse de ces bêtes.  Mais aussi  Groupama dont le bureau d’études vient de montrer qu’il domine le laboratoire de la Little Cup avec les équipes (très françaises) du Suisse Hydros mené par le Champion du Monde français de F18 et ingénieur: Jérémie Lagarrigue.4 finalistes français sur la Little Cup 2013 s’avère un sacré signal pour la suite. Le leadership technologique est possible si l’on s’y intéresse et non plus un pré-carré anglo-saxon. Laissons baver les imbéciles qui ne voient pas le niveau incroyable de cette compétition, comme ils bavaient sur la coupe qui vient de les sidérer.

2-La France dispose des artistes du catamaran de sport

Glenn Ashby, le seul top gun embarqué du catamaran a failli faire la différence. Par éclipse Olympique en 2008 les Tornadistes n’étaient pas sous les feux de la barre de cette Coupe. Cependant comment nier l’impact de Glenn Ashby qui drive son pote Spithill entre Championnat du Monde F18 et Classe C. Ou de Darren Bundock chez Oracle. Spithill, le grand vainqueur de cette Coupe n’a été que 19ème du Mondial F18 en 2010. Entre, Pennec, Jarlegan, Espagnon, Backès, Besson, les frères Morvan, dont PA qui est à la fois issue du catamaran de sport et un des meilleurs mondiaux en duel, la palette pour l’arrière est large. Et avec la filière jeune catamaran il y a de quoi monter une paire d’équipes de gens qui naviguent sur deux coques et rapidement depuis au moins 10 ans. Sans oublier des coach comme Pilippe Presti d’Oracle ou de l’immense expérience de Mister Multihulls: Loick Peyron

3-100 M€ cela reste une somme modeste à l’échelle d’une nation au regard de l’enjeu technologique et économique de cette compétition : s’ouvrir sur le monde.

Il a raison Christian Karcher, pour le prix d’un footeux de ligue 1 tu peux financer une équipe complète pour un projet AC45 et AC72. D’autant qu’il s’agit de l’image de notre pays projeté  au coeur du centre de gravité du monde au XXIème siècle. Les savoirs faire de l’industrie aéronautique sont très directement transposables et l’aquitaine dispose d’une belle surface maritime. Arnaud Montebourg peut légitimement inclure ce défi comme un enjeu industriel majeur pour la France, non seulement en terme d’image d’ailleurs. Ici il faut dépasser cependant une logique Aréva en terme de communication et en gestion de chapelles. Que les partenaires zinzins (zinvestissseurs zinstitutionnels) et mutualistes qui vivent sur le dos des législations nationales, laissent tomber les projets IMOCA et autres 100 pieds pour des records franco-français. Le nombrilisme franchouillard de l’Hydroptère et d’Alain Thébault reste la meilleure explication de son patinage sans fin mais pas d’ autant d’articles de presse ;-)

4-Les acteurs de l’AC34 sont mis à l’épreuve.

D’abord la dream team d’Oracle va se dissoudre. Ne serait-ce que Sir Ben Ainslie dont le projet  va s’appuyer sur l’orgueil maritime  de nos voisins british. Ensuite les kiwis se relèveront-ils de la claque monstrueuse qu’ils viennent de prendre ? Les certitudes du Dieu vivant Grant Dalton ont explosé et à 56 ans la colonne vertébrale aura-t-elle la moelle de s’y remettre ?  J’ai des doutes sérieux sur Artémis après le drame de ce printemps le retour du bateau bleu a été un vrai miracle à saluer. Le comportement des dirigeants de Prada laisse à penser que s’ils reviennent, il y aura au moins des discussions sur tapis vert, pour le reste à part sparring partner d’une équipe forte… En revanche Bertarelli pourra-t-il rester encore  à l’écart du bal des égo des milliardaires ? Les suisses ont une belle carte à jouer.

5-Parce que Franck Cammas veut gagner.

Oui le petit brun fait grincer des dents, l’épisode de la peinture sur le Nacra infusion est dans la tête de tous les acteurs du  cata-circus. C’est un fonctionnement froid, à l’anglo-saxonne, on lit les règles, on exploite avec une supériorité de moyens, sans crier victoire avant, mais sans s’auto-flageller et s’excuser de vaincre. Franck Cammas gagne tout ce qu’il entreprend et il sait dominer le « monde mondial » de la voile sportive. La Volvo Round bien sur et il court-circuite ainsi sportivement, au passage, tout les aventuriers-régatiers français fils et filles spirituelles de Tabarly. Ou comme avec la Little Cup (Mondial Classe C) en cours, ici plus révélateur de cette capacité planétaire que le Tour de France à la Voile . Le passage par le Nacra 17, le catamaran mixte et son exigeance olympique ,  relève de manière avouée de la préparation de cette 35ème Coupe et d’améliorer son potentiel sur deux coques. Potentiel qui ne se décrète pas, si la Coupe était en Planche à Voile, on  y verrait des planchistes, non  ;-) . Pour faire court Cammas est déjà parti pour affronter l’ogre Ainslie.

© 2017 CataMag Suffusion theme by Sayontan Sinha