François Gabart, ici lors de l'Eurocat sur F18, comme Franck Cammas et la majorité des vacanciers dans les clubs FFVoile, plébiscitent le catamaran de sport. photo: Franck Tiffon

Le doublé remarquable de Billy Besson / Marie Riou, sur le Championnat  du Monde Nacra 17, 2013 et 2014 est l’occasion de souligner le paradoxe français: le catamaran de sport constitue le support majeur de la voile sportive de ce début du XXIème siècle où nos sportifs excellent et reste méprisé, perçu comme engin de plage.

Engouement populaire dans les clubs: le cata de sport n’est pas « marqué  » socialement

Que ce soit chez les jeunes des écoles de sport, chez le pratiquant loisir adulte ou le stagiaire vacancier qui fait « sa » semaine de voile annuelle, le catamaran est le support de prédilection. D’abord car il reste simple d’accès: il suffit de tirer sur la ficelle et l’on vole sur une coque tel le Spithill du quartier, cela sans passer par un apprentissage long et humide.  Ensuite par des sensations de vitesse au ras de l’eau et de surf que l’on peut facilement partager dès le plus jeune âge sur des régates locales mais aussi pour des sorties en groupe, entre potes ou en famille pour traverser la baie rapidement et pique niquer sur le banc de sable.

Enfin par une ouverture déterminante: le catamaran de sport n’est pas « marqué  » socialement, les clubs/spots du catamaran de sport ont une vie associative forte et simple sur la plage qui permet un brassage et fait que ce support représente un maillon intermédiaire et indispensable entre la voile traditionnelle et le monde de la glisse. Et notre sport a besoin de cette voile ouverte et pour tous.

Haut niveau sportif et d’attraction spectaculaire

La complexité de la régate rapide et en équipage nécessite un apprentissage spécifique et long, qui passe par des supports d’initiation (Tyka, SL15.5), puis acrobatique avec des flottes denses comme le Hobie Cat 16 ou la F18 qui permet de dégager à partir de talents bruts et après beaucoup de travail des Champions de la trempe de Billy Besson. Etre capable d’aller vite se concentrer sur l’essentiel et contrôler des paquets de concurrents à haute vitesse, tout en travaillant en équipage sans que cela ne se transforme en loterie par un support trop instable font du catamaran de sport le support exigeant de la voile moderne . Ce n’est pas Franck Cammas, pourtant vice-Champion du Monde F18, retourné, avec l’humilité des très grands champions,  sur les bancs de l’école olympienne du Nacra 17  où François Gabart, Champion de France Classe A et 17ème d’un redoutable Championnat d’Europe qui remettront en cause  le niveau sportif du catamaran de plage. Sir Ben Ainslie n’est ainsi qu’un brillant padawan dans un monde où dominent les jedi comme Glenn Ashby.

Coupe de l’América, AC45, Extrême 40, circuits D35 et M2 Helvètes sont les épreuves modernes et télévisuelles de la voile d’aujourd’hui. Le choix du Diam 24, qui est un catamaran avec une coque centrale, pour le Tour de France à la voile 2015 relève de la même logique de sport intense. Et surtout  spectaculaire avec des formats compréhensibles, du match race aux raids côtiers en passant par les courses en flotte courtes sublimées par des départs au vent de travers dignes de la Formule 1 automobile. Le présent déjà là sur foils à 30/45 noeuds s’inscrit aussi en catamaran, mécaniquement plus apte à cette nouvelle dimension de la voile. Pas de surprise.

Un développement qui repose  uniquement sur les dynamiques clubs, que la FFV refuse obstinément de soutenir

Pas inutile de revenir sur la filière jeune massacrée, de peur que son attractivité  fasse de l’ombre aux autres supports ? Cela serait un constat affligeant et une myopie condamnable,  le catamaran de sport mérite  et une équipe de France catamaran, et des championnats catamarans  spécifiques et des spots labellisés haut niveau catamaran.

Pas de problème pour une délégation française avec des fonds fédéraux (donc l’argent aussi des pratiquants du cata !)  sur la vénérable Commodore Cup en habitable, des frais importants sur le championnat du trop méconnu SB20, le match-race d’élite ou le Fun Board pro. Mais comment justifier l’absence totale sur les épreuves catamaran du Classe A à l’Extrême 40 en passant par le Hobie Cat 16 (pour mémoire, seul le laser et l’optimist sont les voiliers plus diffusés dans le monde que l’ancêtre vivace et joyeux à coques bananés) ou la Formule 18 ?

Le catamaran est toléré en équipe de France que lorsque l’ISAF l’admet et rapporte alors des titres et médailles à la France. Ce déni fédéral devient de plus en plus difficile à expliquer autrement que par un conservatisme, une peur de la nouveauté que l’on retrouve aussi dans la gestion du kite-surf raté au départ par les dirigeants actuels de la FFVoile  et exfiltré alors vers une autre fédération. Il suffit malheureusement de regarder l’organigramme FFVoile pour comprendre que le catamaran de sport est la 5ème roue du carosse. Les propositions faites et rejetées dogmatiquement, par l’actuelle majorité fédérale font que celle-ci devra rendre compte de choix à contre courant. Combien a coûté à la FFVoile, l’ENV, la ville de Toulon et les clubs alentours, le pari perdu d’avance du M34 ?

Il s’agit aussi de reconnaître l’identité forte du catamaran par des Championnats spécifiques. Les grandes messes véliques où les catas sont placés au plus loin et où l’on assiste à des foires aux Champions avec les podiums qui s’enchaînent, nuisent à la fois à la sécurité, aux plaisirs sportifs et à la reconnaissance des pratiquants qui ont choisi ce support. Des ronds communs avec des supports plus lents constituent un mépris pour les sportifs de ces séries.  Le succès du GP de l’Armistice repose aussi sur un WE spécial catamarans. Concentrer les moyens sur un support permet d’améliorer la qualité des organisations en s’adaptant au support. Que ce soit un Championnat de France catamaran jeune avec 3/4 séries en fonction des âges et des poids ou un circuit européen/mondial. Il est alors amusant de constater la sur-utilisation de l’image du catamaran pour les épreuves multi-supports.

Enfin si on trouve des centres d’excellences pour l’habitable, le match-race, les planches, les dériveurs ou les skiffs, (pourtant une pratique au développement limité) force est de constater que le catamaran est bien absent de la vision et des structures  fédérales. Jusqu’à quand ?

Franck Tiffon, administrateur de la Fédération Française de Voile, liste Frédérique Pfeiffer « Changeons Notre fédération »

La baisse des licenciés dure depuis 2010. Les passeports des estivants servent de paravents à l'échec notable de la politique nationale de l'équipe Champion. Faisons le bilan d'un beau printemps du catamaran de sport français porté par des énergies positives.

En 2014, l’hémorragie des licenciés continue, mais le catamaran de sport forme moderne du sport voile résiste.

Fin 2013 la forte progression du chiffres de classés en Hobie Cat 16 faisait tordre des nez d’analystes fédéraux chagrinés au prétexte que: « vous vous rendez compte près de 80%  des 615 classés n’ont fait qu’une régate ». Il y a de quoi sourire, non ? C’est sur qu’une baisse franche et constante des licenciés, c’est à dire les pratiquants et coeur des clubs qui partent faire autre chose, c’est bien mieux.

Cela montre surtout une totale incompréhension de l’évolution de notre société. Un oukaze fédéral ne permet pas d’assurer le succès d’une régate, surtout lorsque la déconnection avec le terrain est consommée. Comme chez Lucky Luke: une part de haricot et une part de lard ne font pas deux parts d’haricots au lard, camoufler l’échec des politiques de développement et la baisse induite des pratiquants derrière l’intersérie imposée, pour faire grosse flotte devient risible.

Une politique  fédérale dogmatique qui gêne les dynamiques locales et des classes mais n’a pas réussi à entraver un beau printemps du catamaran de sport hexagonal

En 2014, l’hémorragie des licenciés continue de même que la politique qui gêne les dynamiques locales et des classes. Cela au nom d’un dogme qui s’applique et malheureusement en échec depuis 10 ans maintenant chez nos camarades du skiff. Peu de succès en développement de cette intersérie forcenée, surtout si l’on regarde au-delà nos frontières où réussi la méthode des classes et de la régate en temps réel.

Les 21 Classe A  du club de Sanguinet interdits de grade 4 car ils en ont déjà trop (sic !), les HC16 transformés en  SL16 en Poitou-Charentes, les 11 Dart 18 de la régate du club Arradon perdus dans les limbes fédéraux ou la quinzaine d’Hobie 16 sudistes venus sur une régate avec leur catégorie dans l’avis de course  et qui se voit classés en intersérie. Cela  au mépris de l’annexe J des règles de course. Tout va bien.

En face de ce marasme réglementaro/jacobino/soviet central, il faut regarder, apprécier et souligner en contrepoint l’énergie de la passion des femmes et hommes qui portent notre sport. 53 Classe A sur le Championnat de France à comparer à 51 Classe A sur le Championnat Nord-Américain, pour comprendre la superbe dynamique d’un support exigeant, des passionnés et des clubs qui les portent.  Dynamique qui  rassemble 120 Classe A pour une vraie épreuve internationale à Maubuisson organisée par le CV Bordeaux dans les jours à venir.

Et aussi une coupe méditérranée avec le club de Cavalaire, appréciée des Dart 18 après un Championnat du Monde organisé avec brio par les bénévoles/permanents du clubs de Carnac 2013 avec plus de 110 équipages, la convivialité à terre des dartistes et leur férocité sur l’eau constituent un joli-mix qui ne se décrète pas dans un bureau fédéral. Force que chacun peut comprendre sans  l’aide de coûteux conseils en marketing, payés avec l’argent des licences. Pas besoin de logo , ni de soirée d’apparat à 95.000 € chacun, ni de siège social à 25.000 €/mois, juste de la compréhension, du travail et je rajouterai: un peu d’humilité.

20% de jeunes classés en F18 et plus de 50% en HC16 qui n’ont toujours pas le droit à un vrai Championnat de France espoir moins de 25 ans

Plus de 40 F18 pour un national réussi dans un beau club nordiste. Association française qui a pris le risque de s’éloigner des grosses flottes d’une série initiée par et avec les moyens d’une fédération, qui savait à l’époque écouter ses pratiquants. Cette Association française F18 qui reste un réservoir majeur des épreuves internationales comme le mondial 2013 avec 160 Formule 18 en Toscane. James Baeckler de nouveau élu avec son équipe a raison d’exiger que l’association internationale respecte ses engagements de transparence et de développement au service des pratiquants et des jeunes.

Françoise Dettling avec l’équipe des hobistes déjoue les petits tracas administratifs pour faire une coupe Nationale avec un club de plage Yagga. Rendez-vous qui progresse en effectif chaque année depuis 3 ans et confirme le succès du Championnat de France de fin 2013. Avec, en prime une cinquantaine de jeunes de minimes à espoirs inscrits à cette épreuve à rapprocher du fait que le bureau exécutif de MM. Champion, Churet et Fraboulet a rejeté en début d’année le projet porté par Frédérique Pfeiffer et moi-même,  d’accorder un vrai Championnat de France espoir c’est à dire moins de 25 ans aux classes (pas seulement catamaran) réunissant une quinzaine d’équipages  moins de 25 ans, sur leur national de printemps.

Imaginer l’effectif jeune avec ce petit plus fédéral quand on voit que plus de 50% de la flotte Hobie 16 classée  en 2014 est jeune selon la FFVoile. Tant pis les Hobie et les F18 (une importante partie -20%- de la flotte 2014 F18 est  jeune toujours selon les statistiques fédérales) continuent d’avancer. Dans le même temps l’effectif des jeunes baisse… Circuler il y a rien à voir !

Nous devons résister jusqu’en 2016 et gagner des élections qui devront être dignes des enjeux.

Il faudra  se souvenir de cela et le répéter afin que chaque Président de club vote pour des délégués soutenus par une équipe qui a un vrai  projet avec des mesures concrètes et non pas des incantations vagues masquant une politique qui se construit de manière opaque. Et surtout voter pour des femmes et des hommes avec des réussites à leur actif, des réussites locales, et nationales et pas une équipe usée par un  -trop ?- long exercice du pouvoir et qui a l’échec comme bilan.

Cela dépasse le catamaran: les dériveurs les Opimist, Laser, 5O5 et Finn travaillent en autonomie, mais aussi nos amis du kite qui se tiennent justement à l’écart de la FFVoile et qui ont été confortés par la décision du Ministère et du Conseil d’Etat de ce début d’année. Les planchistes ont leur association et beaucoup d’arbitres s’interrogent sur ce qu’ils observent week-end après week-end. Ici l’achat uniquement de dériveurs sans appel d’offres et court-circuitage du Conseil d’Administration, ce n’est pas « toute la voile » et on peut se poser des questions sérieuses sur la gouvernance actuelle. Quand on sait que  le président Champion attribue la baisse des licenciés à la conjoncture, on doute légitimement d’une capacité de remise en question. Comme un régatier qui ne sait pas s’adapter au changement et qui incrimine le vent, les autres, la chance: cela patine. En quelques années, on peut rajouter que deux des principaux partenaires ont arrêté de financer la FFVoile. Tout va bien, bis.

Franck Tiffon, administrateur de la FFVoile liste Frédérique Pfeiffer: « Changeons NOTRE fédération »

Lien vers une analyse de notre fédération

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