Comment faire continuer la réussite internationale des sportifs français du catamaran ? photo Franck Tiffon

Un premier bilan 2014 remarquable dont un fort contingent de jeunes talents, reste à conquérir le top du  Classe A en mutation

C’est d’abord l’équipe de France de Nacra 17  qui aligne les tops guns mondiaux de la série dont les Champions du Monde Besson/Riou qui enchaînent victoires et podiums sans discontinuer. Ainsi,  on croise les doigts pour eux  à la fois pour le test event à Rio avec Cammas/DeTurkheim et le Championnat du Monde de Santander qui réunira 6 équipages français. Les deux du test event brésilien plus Vaireaux/Audinet, Ogereau/Vandame, Petitjean/Backès et l’équipage leader des jeunes: Laugier/V.Bellet. Ils sont en pointe jouent le top 15/20 des rendez-vous internationaux et tirent trois équipages qui se rôdent: Haineville/Desbordes, R.Bellet/Schoenahl, Domand/Merelle.

En Formule 18 après le titre Mondial 2013 de Besson/Lagarrigue, Bontemps/Amiot sont vice-Champions en 2014 et surtout on trouve 6 équipages français dans le top 10 dont 2 équipages jeunes: Berrehar/LePomellec et Perron/Robert. Chez les Hobie 16 il suffit de voir la photo du podium de l’article qui précède avec les frères Bader, Martin/Hilliard et Le Gal associé avec l’italien Iazzetti et mentionner qu’il y a 3 équipages jeunes dans le top 10 de l’open: les frères Hublet, Molina/Salvi, A.Tiffon/David et deux équipages sur le podium du Championnat jeune: T.Tiffon/McGrogan, Molina/Salvi. Le remarquable doublé de Flament/Dorange sur le Mondial SL16/Mondial ISAF est complété par le podium sur le Mondial de l’équipage féminin Gombaud/Duret montre que les jeunes de la série junior fédérale brillent également à l’international.

Pour les Dart18, les Viper et les F16 cela va se dessiner dans les jours à venir, des podiums et des titres sont vraisemblables. La question du Classe A, comme le Classe C est intimement liée aux moyens économiques et techniques tricolores impliqués. La participation de l’autre héros populaire avec Franck Cammas de la voile française qu’est François Gabart s’avère une bonne nouvelle pour cette série par le coup de projecteur donné et les retours induits. Des talents comme LeCoq 16ème et premier français sur le récent Euro bordelais ont besoin d’un peu de moyens pour grimper dans une hiérarchie qui repose aussi sur des évolutions techniques (le vol) à maitriser. Mais c’est très possible pour des projets français, comme nous l’ont montré Cammas/Viat et Besson/Lagarrigue en Classe C l’année dernière.

C’est bien une délégation française sur la vénérable Commodore Cup, cela serait pas mal aussi sur un Championnat du Monde F18, Classe A, Hobie 16 etc…

Aider les séries intermédiaires permet de garder les savoirs et les compétences. Les licenciés qui font du catamaran contribuent financièrement aussi aux délégations en planche, Match-Race, habitable, dériveurs sur des championnats internationaux pour jeunes mais sans catamaran au programme.  Il est alors possible de s’agacer de ne pas trouver de délégation catamaran française officielle hors l’Olympisme et l’ISAF jeune soutenu par l’argent de l’Etat. C’est bien une délégation française sur la vénérable Commodore Cup, cela serait pas mal aussi sur un Championnat du Monde F18, Classe A, Hobie 16 etc…

En l’absence de délégation, des primes aux résultats, comme ce que font les australiens sur des séries pas olympiques comme le Classe A, est une solution efficace pour maintenir sans trop de risque, un bon niveau national. Là, c’est vrai, il faut choisir dans un budget fédéral entre frais de réception du Roi de Grèce (sans rire) et aide à des compétiteurs qui portent nos couleurs.

Préparer l’avenir, c’est maintenant !

Dans les 8/10 ans à venir pas de souci particulier à se faire. La génération en cours et celle en route construite sur les dix bonnes années de la filière jeune catamaran permettent de croire en des podiums tricolores nombreux. Ici c’est la culture catamaran nationale qui joue à plein. En effet, les techniciens nationaux en place ont une longue expérience du haut niveau sénior et  savent comment faire passer des espoirs vers l’exigeant circuit olympique.

Cela est d’autant plus évident si l’on compare les résultats flatteurs du catamaran de sport sénior avec le skiff, et là on s’aperçoit que briller sur les mondiaux jeunes ISAF est en effet, sans cette culture, un point de départ, mais de plus loin jusqu’à présent (espérons que je me trompe je serai ravi que la voile rapide française brille de tous ses feux).

La source est-elle en train de se tarir ? Au-delà de la décennie à venir, il s’agit de redonner dès maintenant de l’énergie à la filière jeune catamaran. Une seule ligue/département qui domine ce n’est pas un signe de richesse et cela montre l’impact du massacre que chacun peut observer. Signer la pétition avec plus de 380 personnes, dont des Champions, des ex-bleuets, des entraîneurs, des dirigeants de club permet de constater que les solutions existent et peut contribuer à ce que la France reste une nation majeure de notre sport.

Malheureusement, vu le choix imposé exclusif du dériveur par le département voile légère pour les trois flottes collectives minimes, force est de constater que ce nécessaire revirement n’est pas  à l’ordre du jour. C’est triste.

En 2012 pour la sélection au Championnat du Monde jeune ISAF, 20 candidats (dont 6 équipages Hobistes dans le top 10 et 2 sur le podium) en 2014: 15 équipages, soit -25% en deux ans. En 2012: 3 ligues sur le podium, dont deux équipages ayant déjà été sélectionné en bleuet (l'un sur SL, l'autre sur Hobie). En 2014 le podium représente une seule ligue... Peut-on affirmer alors, comme le président de la commission catamaran: "la pratique est sur une pente positive" ? photo: FT.

Au lieu de prendre en compte les propositions concrètes savec plus de 385 soutiens dont des jeunes, des ex-bleuets, des entraîneurs, des dirigeants de clubs, des dirigeants de classes, un champion du monde de Tornado et un Champion Olympique, les instances dirigeantes fédérales s’enferment dans des choix remis en cause par les faits et les décisions des institutions internationales.

L’intersérie folle chez les minimes fini de déstructurer la filière

Cette déconstruction, c’est d’abord l’abandon du co-financement fédéral Tyka depuis 2007. Or le catamaran de sport plus que le dériveur qui a l’optimist ou la planche à voile assez facile à mettre en oeuvre, nécessite un soutien pour amorcer les pompes locales. En prime on a la mise en place en 2013 d’une formule 14 (FK14) qui mélange allègrement des supports. Cela sans aucun impact sur la pratique: 14 Tyka sur la Coupe Nationale en 2013, 14 FK14 sur la même épreuve en 2014, comme le dit le président de la commission catamaran: « la pratique est sur une pente positive ». Sans rire.
Combien de Topaz et de Dragoon parmi les équipages minimes ? Sportivement c’est une hérésie l’application folle du dogme intersérie imposée avec, de surcroit, des « ratings » égalisés arbitrairement comme chez les HC16 et SL16 dans la défunte et éphémère (formule espoir 16) FE16. Il y a ici un mépris de notre pratique et des jeunes sportifs qui n’ont pas le droit au temps réel et à un apprentissage sérieux comme en optimist. Cela est de la discrimination.

On assiste ainsi malheureusement, année après année,  à l’assèchement par le bas des spots qui contribuaient il y a peu encore à la vie de la filière catamaran jeune. La Bretagne et la Normandie sont les dernières illustrations de ce phénomène. D’autant qu’historiquement les efforts financiers des ligues sont d’abord sur le dériveur et la planche à voile. Lorsqu’un club moteur décroche il y a perte du savoir faire, le jeu devient moins riche et intéressant.


La suppression du Championnat de France féminin SL15.5 a un impact sérieux aussi sur le niveau de pratique

La flotte SL15.5 du Championnat de France est passée, en quelques années, de plus de 50 équipages à moins de 30 (28 à Martigues en 2013). Mais comme l’affirme  le président de la commission catamaran: « la pratique est sur une pente positive ».

Pour mémoire le Championnat de France espoir HC16 a été supprimé avec un effectif stable… comme le titre féminin en 15.5. On peut ici évoquer une véritable  discrimination par l’argent,  pour une pratique populaire, moins marquée socialement que sur d’autres support, que constitue le catamaran de sport et qui reste celle qui nécessite l’effectif le plus fort de jeunes, pour un titre de Champion de France. Le plafond de verre du titre de Champion de France est placé plus haut pour les jeunes du catamaran. C’est injuste et rien ne justifie la suppression de deux titres de Champion de France jeune en catamaran en 2012 et 2013, alors que le discours officiel clame: « la pratique est sur une pente positive ».

La dizaine d’équipages féminins contribuait à une flotte plus dense, par l’expérience de jeunes filles jusqu’à 20 ans (qui a permis accessoirement la formation d’équipages en Nacra 17 qui font briller la France) à la transposition d’une  maturité régatière chez les jeunes cadets garçons (15 ans), qui évoluaient alors dans une flotte avec un niveau de jeu monté d’un cran.

L’éjection du Hobie Cat 16 ne prépare pas l’avenir en limitant l’expérience internationale et en ciblant sur des poids d’équipages faibles

Bien sur, pour faire le Mondial ISAF jeune, Riwan et Solune brillants seconds F18  de la dernière Eurocat ont fait du SL16, c’est le support de cette épreuve. Mais ils ont pu avoir une première expérience internationale en passant, depuis la fin de leur cycle sur le support cadet (SL15.5) par le Hobie Cat 16. Troisièmes du Championnat d’Europe jeune Hobie Cat 16 en 2012. Ils ont acquis ainsi une expérience qui leur a permis de se sélectionner sur SL16 en 2013 pour représenter la France et de rapporter une médaille de bronze lors du mondial de classe préparatoire au Championnat du Monde jeune ISAF.

Il n’est pas question de tomber dans une stupide et vaine querelle entre supports,  ne compter pas sur moi, vu que j’ai payé autant de catamarans Siréna  que de Hobie ;-) . Le constat ici, est celui d’une indiscutable perte de richesse dans la formation des jeunes. De plus, au moment où le département haut-niveau recherche des grands gabarits filles et garçons, comment ne pas reconnaître que l’abandon du Hobie Cat 16 chez les jeunes  est malvenue.
Quatre barreurs passés par le HC16 dans le Top 5 des Nacra 17 lors de la Sailing World Cup à Hyères, le poids du catamaran historique est là, dans le haut niveau.

Constatant la limite de diffusion du support en place, l’ISAF a voté pour un changement de support. Un cahier des charges pour un nouveau catamaran jeune (à partir de 2017), va être débattu lors de son prochain meeting. Espérons que les dirigeant internationaux ne vont pas oublier  que la voile, pour rester véritablement dans un esprit olympique, doit dépasser aussi le concept de sport réservés aux blancs issus des nations riches. L’optimist, la planche à voile, le  Laser et le Hobie Cat 16 sont les  supports répandus et économiques qui peuvent permettre à plus de nations de former des jeunes pour la pratique internationale de notre sport.

Le silence de la FFVoile, sur cette question, comme celle des représentants de la FFVoile dans cette institution vaut d’être surveillé de près. Notre sport mérite la transparence et aussi  du courage sur les prises de positions qui engagent notre nation. l’action en catimini n’est pas digne d’une délégation confiée par l’Etat. Mettre des photos de Hobie sur la propagande fédérale est un piètre camouflage (genre: « mais si on aime les Hobie et le catamaran »)  et ne suffit plus à cacher les échecs des stratèges de la rue Bocquillon. Mystères, choix imposés, propagande, refus d’écouter et de se remettre en cause, il faut rappeler que la France est une démocratie. Ce comportement dépassé, du département voile légère et des commissions jeunes et catamarans de NOTRE fédération doit changer, dans l’intérêt de notre sport.

Franck Tiffon, administrateur de la Fédération Française de Voile, liste Frédérique Pfeiffer « Changeons NOTRE fédération ».

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