Retrouver avec le lien, les images superbes de l'étape australienne de la Sailing World Cup. Le commentaire en globish, est toujours d'actualité ;-) .

Avec plus de 70 inscrits sur la semaine de Palma le retour du catamaran de sport dans la voile olympique est une belle réussite. Le Championnat d’Europe de la Grande Motte début juillet compte déjà une centaine de pré-inscrits. Gunnar Larsen, le co-boss de Nacra, avec enfin des délais de livraison raisonnable (3 mois), continue une belle percée commerciale visant au-delà des 200 unités cumulées cette année, cela malgré un prix élevé: 25.000€.

Ce succès n’est pas que quantitatif: entre images spectaculaires, stars de la voile du large qui ont fait le choix du catamaran comme Iker Martinez ou Franck Cammas et niveau technique important pour maîtriser un support vif, la flotte du Nacra 17 est devenu la vedette de la flotte olympique. Et en plus, les français jouent devant. Elle est pas belle la vie ?

Défauts de jeunesse et une série « bring your boat »

Avec un mât carbone initial non finalisé et remplacé pendant un an par de l’alu, un raccourcissement (sauvage)  des foils pour diminuer des contraintes mal évaluées, des castaings à surveiller et une durabilité de la performance qui ne semble pas à la hauteur des plateformes de Tornados, celles-ci faisant plus d’une olympiade sans perte notable de rigidité, le choix du Nacra s’est avéré audacieux. Ce support est malgré tout bien né et montre une belle maîtrise du chantier.

Le plus important est la déplorable décision de l’ISAF qui a renié son cahier des charges initial. Pour les JO on est passé de supports tirés au sort, la solution qui assure l’équité sportive en écartant le plus possible l’aléa support à une série où l’on vient avec son bateau. Compte tenu des écarts de fabrication, à ce niveau de pratique le moindre écart va devenir décisif, ceci constitue la porte ouverte à une course à l’armement incompatible avec l’esprit olympique.

Un support exigeant, qui peut évoluer ?

Le réglage/calage des foils demande une attention particulière et ce catamaran « semi-volant » s’avère particulièrement exigeant sur le positionnement et l’équilibre dynamique du support. Ce qui explique que les barreurs  anciens du Hobie Cat 16 habitués aux carènes sensibles ( ;-) )  et ayant développé les capteurs nécessaires pour ressentir le « bon » calage,   sont à l’aise comme Billy Besson, Moana Vaireaux, Audrey Ogereau et Flora Lauger (cette dernière dans le dispositif jeune – moins de 23 ans- supervisée à Palma, c’est à dire la moitié d’un pied dans l’équipe nationale)  chez les français ou l’italien Bissaro.

Double trapèze au portant, plus vite plus bas qu’un F18, le Nacra 17 est léger et remarquablement véloce.  Quand on voit l’évolution des appendices du  Nacra 20, on peut imaginer un kit « je vole, tu voles, nous volons »  pour le support olympique mixte, en bas breton: Flying Control System (FCS)

Mixitude

Le débat équipier ou équipière reste en suspens et aujourd’hui le parti pris hollandais de placer Madame à la barre n’est pas une évidence en terme de résultats. A suivre cependant sur cette première saison avec le mât 100% charbon.

Force est de constater ici que la contrainte inédite de la mixité, imposée aux amateurs du catamaran, et seulement à eux, rend sans doute la série plus ouverte, car hors de filière structurée sur une longue période. Cela oblige à des approches et comportements nouveaux. Difficile de ne pas évoquer, sans se moquer SVP, l’absence de discernement du département voile légère de la FFVoile, qui a supprimé dans un timing étonnant le championnat de France espoir féminin en 2012….

Ceci dit, le catamaran mérite indiscutablement un second support olympique open (garçon/garçon dans les faits), ne seraît-ce que pour sauver la voile télévisuellement aux JO.

Les Français devant

L’équipe de France, conduite par Frank Citeau, est imposante: Billy Besson/Marie Riou -Champion du Monde-, Moana Vaireaux/Manon Audinet -Vice-Champion d’Europe-, sans parler des camarades d’entraînements de luxe: Franck Cammas/Sophie de Turkheim, Audrey Ogereau/Matthieu Vandame – équipage capable du top 10-, Ingrid Petijean avec Olivier Backès sont à observer. Il y a des moyens et un groupe d’entraînement qui peut générer une dynamique difficile à suivre pour les équipages isolés.

Chez les jeunes ça pousse fort à l’horizon 2020, dans le dispositif france jeune encadré, pour le cata de sport, par Philippe Neiras: Flora Lauger/Valentin Bellet ont pour le moment un avantage dans le petit groupe composé, entre autres: de Charles Hainneville/Alizée Desbordes, et où l’on retrouve aussi le frère de Valentin, Romain avec Milena Schoenahl, sans parler de la 1/2 douzaine d’équipages pouvant espérer jouer Tokyo en 2020 ou La Rochelle en 2024 (si la France réussi sa candidature face à l’Afrique du Sud). Ici notre pays profite des effets positifs d’une décennie de filière jeune catamaran, malheureusement mise  a mal par la politique fédérale depuis une olympiade.

Image/lien vers une vidéo de l'équipage sudiste inscrit à la SWC de Miami

Le Nacra 17 s’impose au fil des mois comme la série de voile légère Olympique la plus intéressante à suivre et pas seulement pour les cata-addicts. Le support est techniquement évolué. Les régates sont, malgré le format ISAFien, potentiellement les plus télégéniques.

Même la mixitude imposée comme spécificité/frein au catamaran par le puissant  lobby des dinosaures du 1/2 bateau lent, ouvre une dimension complexe  certes pour ceux qui visent la performance, mais place définitivement notre sport dans un cadre moderne.

La confrontation des « nouveaux » venus avec un maître comme Bundock peut donner un piment incroyable à cette saison mondiale n° 2 du Nacra 17.  Et les stars d’autres pratiques comme Cammas ou Martinez qui choisissent le catamaran confèrent la touche people . Ce dernier montre au passage, qu’il n’est pas si simple de faire du catamaran.

La série Olympique s’inscrit naturellement dans une perspective qui va de la pratique populaire locale estivale et majoritaire des plages, jusqu’au graal international ; la Coupe de l’América en passant par le HC16, la F18 et toutes les classes internationales fortes du catamaran de sport qui vole sur une coque ou une paire de foils.

Bien malin qui peut affirmer aujourd’hui savoir quel équipage va représenter la France en 2016 à Rio dans la série reine de la voile légère.

Loin de vouloir faire un pronostic, un rapide état des lieux permet de  constater qu’une  demi-douzaine d’équipages est en lice. Autant en plus, déjà sur le support, prennent leur ticket dans la file pour Tokyo 2020 et sans doute 2024 où la France (donc La Rochelle 80%, Marseille 15%, ou Brest 5%, selon la dernière météo à 10 ans, mais c’est un autre sujet ;-) ) devra batailler avec l’Afrique du Sud pour gagner ses jeux du centenaire.  Billy Besson / Marie Riou, les Champions du Monde en titre, Franck Cammas / Sophie de Turkheim, les Champions de France, Moana Vaireaux / Manon Audinet, vice-Champions d’Europe constituent une première et incroyable  liste de titrés en 2013.

Oublier François Morvan, bronze sur l’Européen avec Marie Riou qui est un banc de touche particulièrement luxueux, serait terrible et illustre la bêtise sportive de la règle (économique): un équipage par nation.

Audrey Ogereau et Matthieu Vandame sont bien plus que des simples partenaires d’entraînement: car souvent devant à mi-parcours des semaines de régates (Mondial, Euro et France). C’est le seul équipage français avec barreuse à avoir fait le  Nacra 17 circus international en 2013. Il possède un redoutable potentiel d’apprentissage, lié à la jeunesse d’Audrey, Championne de France HC16 espoir en 2012 (Le Championnat  supprimé par la FFVoile...).

Ingrid Petitjean – Olivier Backès seul équipage français inscrit à Miami (SWC)

Tandis que l’équipe de France passe un hiver studieux  au Maroc, et comme les hollandais, ont fait le choix de l’impasse sur Miami, les sudistes Petijean/Backès vont se confronter en ce début de saison à la flotte mixte. Couple à la ville et sur l’eau, ils ont résolu une équation importante d’un système de recherche de performance qui doit inclure la durée d’une Olympiade (ou 2). Les jeunes parents se remettent dans le bain avant leurs concurrents, c’est cohérent avec une saison 2012 tronquée pour raison d’heureux évènement.

A suivre de très près cet équipage a un vécu significatif de l’Olympisme. Olivier Backès est un barreur, expert du catamaran. Avec Ingrid Petitjean, issue du dériveur, ils ont fait le choix de la barreuse. L’équipier sera redoutable, même si, sur les photos, son arbalète est plutôt basse  et nécessite sans doute, encore un peu de muscu et de boîtes de thon ;-) . Surtout, Olivier Backès est ingénieur et excellent metteur au point. Cet équipage ne sera donc pas désarçonné par la dimension matériel qu’induit le revirement pitoyable et ISAFesque de l’hiver. Même si les promesses n’engagent que ceux qui les croient, le fait que les Nacra 17 ne seront pas tirés au sort à Rio, redonne une importance significative à la préparation du support.

En terme de budget, les sudistes ont déjà un  laboratoire pharmaceutique qui utilise leur image dans des pub. grands publics. S’ils ne peuvent rivaliser avec le staff de Cammas, cela leur confère une autonomie non négligeable pour mener une campagne qui s’annonce ouverte.

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