En 2012 pour la sélection au Championnat du Monde jeune ISAF, 20 candidats (dont 6 équipages Hobistes dans le top 10 et 2 sur le podium) en 2014: 15 équipages, soit -25% en deux ans. En 2012: 3 ligues sur le podium, dont deux équipages ayant déjà été sélectionné en bleuet (l'un sur SL, l'autre sur Hobie). En 2014 le podium représente une seule ligue... Peut-on affirmer alors, comme le président de la commission catamaran: "la pratique est sur une pente positive" ? photo: FT.

Au lieu de prendre en compte les propositions concrètes savec plus de 385 soutiens dont des jeunes, des ex-bleuets, des entraîneurs, des dirigeants de clubs, des dirigeants de classes, un champion du monde de Tornado et un Champion Olympique, les instances dirigeantes fédérales s’enferment dans des choix remis en cause par les faits et les décisions des institutions internationales.

L’intersérie folle chez les minimes fini de déstructurer la filière

Cette déconstruction, c’est d’abord l’abandon du co-financement fédéral Tyka depuis 2007. Or le catamaran de sport plus que le dériveur qui a l’optimist ou la planche à voile assez facile à mettre en oeuvre, nécessite un soutien pour amorcer les pompes locales. En prime on a la mise en place en 2013 d’une formule 14 (FK14) qui mélange allègrement des supports. Cela sans aucun impact sur la pratique: 14 Tyka sur la Coupe Nationale en 2013, 14 FK14 sur la même épreuve en 2014, comme le dit le président de la commission catamaran: « la pratique est sur une pente positive ». Sans rire.
Combien de Topaz et de Dragoon parmi les équipages minimes ? Sportivement c’est une hérésie l’application folle du dogme intersérie imposée avec, de surcroit, des « ratings » égalisés arbitrairement comme chez les HC16 et SL16 dans la défunte et éphémère (formule espoir 16) FE16. Il y a ici un mépris de notre pratique et des jeunes sportifs qui n’ont pas le droit au temps réel et à un apprentissage sérieux comme en optimist. Cela est de la discrimination.

On assiste ainsi malheureusement, année après année,  à l’assèchement par le bas des spots qui contribuaient il y a peu encore à la vie de la filière catamaran jeune. La Bretagne et la Normandie sont les dernières illustrations de ce phénomène. D’autant qu’historiquement les efforts financiers des ligues sont d’abord sur le dériveur et la planche à voile. Lorsqu’un club moteur décroche il y a perte du savoir faire, le jeu devient moins riche et intéressant.


La suppression du Championnat de France féminin SL15.5 a un impact sérieux aussi sur le niveau de pratique

La flotte SL15.5 du Championnat de France est passée, en quelques années, de plus de 50 équipages à moins de 30 (28 à Martigues en 2013). Mais comme l’affirme  le président de la commission catamaran: « la pratique est sur une pente positive ».

Pour mémoire le Championnat de France espoir HC16 a été supprimé avec un effectif stable… comme le titre féminin en 15.5. On peut ici évoquer une véritable  discrimination par l’argent,  pour une pratique populaire, moins marquée socialement que sur d’autres support, que constitue le catamaran de sport et qui reste celle qui nécessite l’effectif le plus fort de jeunes, pour un titre de Champion de France. Le plafond de verre du titre de Champion de France est placé plus haut pour les jeunes du catamaran. C’est injuste et rien ne justifie la suppression de deux titres de Champion de France jeune en catamaran en 2012 et 2013, alors que le discours officiel clame: « la pratique est sur une pente positive ».

La dizaine d’équipages féminins contribuait à une flotte plus dense, par l’expérience de jeunes filles jusqu’à 20 ans (qui a permis accessoirement la formation d’équipages en Nacra 17 qui font briller la France) à la transposition d’une  maturité régatière chez les jeunes cadets garçons (15 ans), qui évoluaient alors dans une flotte avec un niveau de jeu monté d’un cran.

L’éjection du Hobie Cat 16 ne prépare pas l’avenir en limitant l’expérience internationale et en ciblant sur des poids d’équipages faibles

Bien sur, pour faire le Mondial ISAF jeune, Riwan et Solune brillants seconds F18  de la dernière Eurocat ont fait du SL16, c’est le support de cette épreuve. Mais ils ont pu avoir une première expérience internationale en passant, depuis la fin de leur cycle sur le support cadet (SL15.5) par le Hobie Cat 16. Troisièmes du Championnat d’Europe jeune Hobie Cat 16 en 2012. Ils ont acquis ainsi une expérience qui leur a permis de se sélectionner sur SL16 en 2013 pour représenter la France et de rapporter une médaille de bronze lors du mondial de classe préparatoire au Championnat du Monde jeune ISAF.

Il n’est pas question de tomber dans une stupide et vaine querelle entre supports,  ne compter pas sur moi, vu que j’ai payé autant de catamarans Siréna  que de Hobie ;-) . Le constat ici, est celui d’une indiscutable perte de richesse dans la formation des jeunes. De plus, au moment où le département haut-niveau recherche des grands gabarits filles et garçons, comment ne pas reconnaître que l’abandon du Hobie Cat 16 chez les jeunes  est malvenue.
Quatre barreurs passés par le HC16 dans le Top 5 des Nacra 17 lors de la Sailing World Cup à Hyères, le poids du catamaran historique est là, dans le haut niveau.

Constatant la limite de diffusion du support en place, l’ISAF a voté pour un changement de support. Un cahier des charges pour un nouveau catamaran jeune (à partir de 2017), va être débattu lors de son prochain meeting. Espérons que les dirigeant internationaux ne vont pas oublier  que la voile, pour rester véritablement dans un esprit olympique, doit dépasser aussi le concept de sport réservés aux blancs issus des nations riches. L’optimist, la planche à voile, le  Laser et le Hobie Cat 16 sont les  supports répandus et économiques qui peuvent permettre à plus de nations de former des jeunes pour la pratique internationale de notre sport.

Le silence de la FFVoile, sur cette question, comme celle des représentants de la FFVoile dans cette institution vaut d’être surveillé de près. Notre sport mérite la transparence et aussi  du courage sur les prises de positions qui engagent notre nation. l’action en catimini n’est pas digne d’une délégation confiée par l’Etat. Mettre des photos de Hobie sur la propagande fédérale est un piètre camouflage (genre: « mais si on aime les Hobie et le catamaran »)  et ne suffit plus à cacher les échecs des stratèges de la rue Bocquillon. Mystères, choix imposés, propagande, refus d’écouter et de se remettre en cause, il faut rappeler que la France est une démocratie. Ce comportement dépassé, du département voile légère et des commissions jeunes et catamarans de NOTRE fédération doit changer, dans l’intérêt de notre sport.

Franck Tiffon, administrateur de la Fédération Française de Voile, liste Frédérique Pfeiffer « Changeons NOTRE fédération ».

Alors que les jeunes néo-calédoniens brillent en Australie, les jeunes français vont ils devoir renoncer à se confronter sur le support mondialement le plus populaire dans le cadre fédéral ? photo: Franck Tiffon

En préambule, pour être transparent,  je n’ai pas d’action chez Hobie, et le HC16 est un vieux bateau avec plein de défauts. Certains l’aiment ou le détestent pour cela mais ce n’est pas mon propos. La suppression du Championnat de France HC16 espoir et donc de la filière jeune sur ce support, est une hérésie sportive à court et moyen terme.

Faire un unique Championnat de France pour deux supports différents est une insulte au bon sens.

Il suffit de demander à n’importe quel technicien du circuit et il vous dira que le HC16 et le SL16 sont des supports avec des caractéristiques distinctes. Parmi celles-ci la manoeuvrabilité et la stabilité. Le SL16 est plus maniable, mais au dessus 15-17 knot beaucoup plus délicat à mener au portant que le HC16 spi. Un Championnat mixant les deux supports conduit logiquement à privilégier le SL. Je connais déjà une demi-douzaine d’équipages qui ont renoncé à ce programme, pas seulement au Hobie, mais aussi au Championnat de France espoir. Tout va bien.

Statistiquement la politique des quotas décroissants sur le HC16 a découragé, année après année, les clubs de s’y consacrer . Une systématisation de l’intersérie relègue au second plan les équipages Hobie. Une autre manière de les dégouter. Tu veux gagner la coupe locale: navigue en SL16. Cela veut -il dire que les Hobistes sont mauvais ?

En 2012 lors des sélections françaises pour le Championnat du Monde sur SL16, sept des dix premiers équipages pratiquaient le Hobie 16 , dont deux équipages sur le podium.

C’est moins le support qui compte que la flotte au départ. Et ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de niveau en HC16 ou plus largement en catamaran, sont cordialement invités à venir montrer leur science. Ils pourront apprécier les joies et difficultés de notre discipline. Oui un support qui vire mal oblige à soigner les manoeuvres et ça c’est un plus après, afin d’ anticiper et soigner son placement. Un support très banané implique une grande attention sur le positionnement de l’équipage et cela induit des automatismes bénéfiques pour la suite. Ainsi, il est plus facile de passer du HC16 au SL que le contraire. Les frères Trebaol pourtant talentueux et redoutables en SL16 ne dominent pas en Hobie.

Malgré cette politique,  il y avait toujours en 2012 une majorité de jeunes 15-20 ans classés et pratiquant le  HC16.

Et si l’on ôte les Hobistes faisant la qualification ISAF obligatoirement sur SL en 2012, faire du SL16 apparaît bien réservé à une petite élite, une situation à la 29er, avec une trentaine d’équipages. Sauf que, le développement du catamaran en France est sans commune mesure avec celui des nouveaux dériveurs. Segmentation  encore, car privilégier le SL16 est un choix qui ne prend pas en compte la morphologie des jeunes pas tous taillés sur le mode crevette. Sur ce support au-dessus 125 kg il est très difficile d’être polyvalent. Les pourtant excellents Havrais: Antoine Dijou et Guillaume Lecroq en ont fait l’expérience l’année dernière en Irlande lors du Championnat du Monde ISAF. Au dessus 130 kg d’équipage, tu fais quoi ? Du Nacra 17 direct. Ce n’est pas sérieux.

Ici le SL et le Hobie sont complémentaires par le programme, le style de navigation et la morphologie. Un peu comme les différents types de lasers qui permettent aux différents gabarits de s’exprimer. Oter cela au catamaran c’est spécialiser la population, la restreindre et faire baisser considérablement l’intérêt des courses.

Le programme international est intense en Hobie Cat 16, la formation des jeunes y est  riche.

L’effort fait par Siréna sur le Championnat du Monde ISAF mérite d’être souligné. Car il faut le faire, économiquement et pratiquement: fournir à l’ISAF, une quinzaine de supports chaque année est remarquable pour une entreprise de cette taille. Cependant les faits sont têtus et le SL16, malgré ses atouts, reste un support franco-français. Ce qui explique que l’ISAF en novembre dernier a maintenu les deux supports (SL16 et HC16) sur le Championnat du monde jeune. Un Championnat du Monde ISAF dans un pays à culture catamaran signifiera Hobie. Et là en France il faudra réapprendre ce subtil support en un an ? Pas simple.

Le Championnat du Monde ISAF c’est un seul équipage par an. Ce qui écarte, au passage,  systématiquement et fort injustement les jeunes d’outre mer. Je souligne ici la belle performance  des néo-calédoniens Thomas Dupont et Martin Anfosso, second « ISAF Youth » sur le National HC Australien qui vient de s’achever.

L’autre caractéristique du HC16 c’est l’aspect inter-générations des grandes épreuves. Ceci est le gage d’un apprentissage plus rapide et explique simplement le niveau des jeunes Hobistes face à ceux qui ne régatent qu’entre jeunes. De plus régater sans spi, à l’ancienne, est un vrai challenge de finesse et de tactique qui permet de découvrir une facette nécessaire de notre sport pour être performant.

National Australien,  Championnat d’Europe Hobie et le Championnat du Monde constituent des épreuves d’apprentissages et de formations incroyables. Le niveau est dense et nos camarades Australiens, Américains, Danois, Allemands, Italiens, Omanais, Chinois de Hong Kong, ne s’y trompent pas: c’est là que joue leur élite jeune sur deux coques. S’il n’y a plus d’équipe de France jeune sur le Championnats internationaux Hobie, ce qui est la suite logique de la casse de la filière Championnat de France espoir, alors nous ne pourrons plus former des équipages pour se frotter à l’international en catamaran.

Avec l’absence de soutien fédéral au Tyka depuis 2007, la filière catamaran jeune qui existe depuis seulement une douzaine d’années sera alors sabordée par le bas et par le haut. Ce qui, à l’heure des Extrême 40, AC45, Youth America Cup et Nacra 17 laisse, pour le moins, perplexe. On pourra toujours organiser des stages sur les KL28  et revendiquer ainsi une politique « catamaran ».  Ce n’est pas la communication de la politique fédérale qui est en cause mais bien son fond. Car ce qui fait le charme de la mariée c’est moins sa robe que sa fraîcheur et l’amour qui l’habite ;-) .

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