Voici la principale vue des camarades de jeu sur William et Jean-Christophe en 2010. (photo WV)

Les yeux malins et rieurs, la faconde du sud-ouest, bonne humeur permanente sur le parking ou la plage, William est heureux avec son Tornado. Je vous laisse découvrir le parcours nautique autodidacte de cet ingénieur, marié et père d’un garçon de 15 ans et d’une jeunes fille de 19 ans. Cette trajectoire montre que notre sport est ouvert au delà des formats usuels et que l’on peut venir prendre du plaisir et jouer la performance.
Cette place de n°1, juste devant son équipier habituel Jean-Christophe Caye et 1250 autres classés, est aussi remarquable en considérant le support. En effet complètement à rebours de la mode et des discours sur les petites bombes, le sociétaire du club de Sanguinet, spot de Classe A, a su imposer dans la bagarre du temps compensé, le choix du (superbe) Tornado devant la flotte des Spitfire, Viper et Mattia Esse. Cela aussi bien dans la pétole que dans les conditions très viriles du dernier GP de l’Armistice. Je sais pas pour vous mais moi je ferai bien un tour de Tornado avec mat charbon.

Somptueux petit matin du dernier jour de l'Eurocat 2010. (photo Franck Tiffon)

CataMag: quel est ton meilleur souvenir de cette saison 2010 ?

William Viaud: assurément, le raid de l’eurocat ! Je n’avais jamais fait le tour de Houat et navigué avec autant de canots ensembles. Plus de 150 catas sur la ligne de départ il me semble : très impressionnant !

CataMag: le Choix d’un Tornado, c’est pas un peu pour des experts, (quel est ton parcours nautique) ?

William Viaud: j’ai toujours été attiré par les « camions » ! Et puis les routiers sont sympas…
Autodidacte de la voile (jamais été à l’école), j’ai commencé à naviguer en planche à voile. Mon premier cata, je l’ai eu à 30 ans et ce fut un vieux Hobie Cat 18 Classic, puis je suis passé sur un Prindle 19 de 91 que j’ai beaucoup bricolé : tu l’as connu d’ailleurs en de nombreuses configurations…
Comme beaucoup, je pensais le Tornado inaccessible techniquement et financièrement pour moi. J’ai eu le malheur/bonheur de croiser le chemin du président de la classe (AFTOR). Après avoir participer en temps que bénévole avec lui à l’organisation du Mondial Tornado de La Rochelle en 2005, j’ai fini par craquer. J’ai fait l’acquisition de FRA264, un Marström de 1997 pour un coût aux alentours de celui d’un F18 de 5 ans avec lequel j’ai navigué prés de trois ans. Avec l’aide de l’asso et la fin de l’olympisme, j’ai pu investir sur une nouvelle occasion : un superbe Marström de 4ans et de dernière génération en super état avec lequel je navigue aujourd’hui.
Le Tornado est une catamaran extraordinaire : fin, puissant, plaisant, ludique, un vrai plaisir à barrer, même pour mon fils qui débute et qui en apprécie les sensations de vitesse. Je le conseille à tous. Il m’arrive aussi de sortir en solo jusqu’à 3 bft avec les trois voiles… Alors le Tornado pour les experts ? Oui sans doute, mais seulement pour les J.O.

CataMag: quelles sont les épreuves que tu as envie de faire en 2011 ?

William Viaud: Le seul défaut du Tornado, c’est sa faible représentation en régate ou raid. Nous étions quatre à l’Eurocat et cinq à l’Armistice. De ce fait, nous devons systématiquement courir en INC et les manches s’apparentent  plus à des spéciales de rallyes où il faut réaliser le meilleur chrono pour s’affranchir du handicap du rating.
Le programme sera sans doute comme chaque année : les régates des clubs de Gironde, ne serait-ce que pour soutenir ces derniers dans leurs efforts pour organiser des manifestations pour les « gentils navigateurs ». Puis un ou deux déplacements sur de plus gros rassemblements où il y a plus de chance de retrouver les amis et d’autres Tornados : Eurocoat, Raid des Baleines, …Tout cela dépendra aussi des disponibilités de l’équipage.

Merci William, pour les amateurs, je crois qu’il y a toujours des Tornado à vendre à l’ENV (Quiberon) et au Pôle de La Rochelle.

Le boss de France Catamaran sur la route et au contact des clients avec un kit mains libres original. (photo: Franck Tiffon)

Profitons de l’hiver pour interroger des acteurs du circuit sur 3 questions, c’est la nouvelle catégorie rencontre de CataMag. Thierry Wibaux  est le premier à se soumettre à l’exercice, merci de sa disponibilité.

Pour ceux qui ne connaissent pas cet alerte quinqua, Thierry Wibaux avant d’être le boss de France Catamaran depuis presque 15 ans est d’abord un passionné de cata de sport. Ingénieur de formation, ancien cadre de grande entreprise qui parle aussi bien l’anglais que le néerlandais, a repris l’importation des Dart à l’historique Lucien (Lulu) Gourmez en 1996. Marié avec Christine, il embarque au gré des raids et régates celle-ci ou une de ses deux filles. Le développement du Spitfire en France doit beaucoup au travail de Thierry. Cependant c’est bien le Dart 18 qui est son support de prédilection: X fois vainqueur du National, 2 fois vice-champion d’Europe et Champion du Monde en 2004, Thierry est d’abord un redoutable régatier. Intuitif et cartésien, agressif, à l’aise autant dans le mou que dans la brise, son expérience et sa technique font qu’il fait partie des habitués des podiums des grandes et petites épreuves qu’il continue d’écumer, la passion en bandoulière. A terre, il est un des pivots de la convivialité des Dartistes.

Thierry et Christine Wibaux face à la vague. (photo: France Catamaran)

CataMag: pour les 3 questions on commence par du sérieux: comment analyses-tu le marché du Cata en France pour 2011 ?

Thierry Wibaux: C’est le grand flou pour l’ensemble des professionnels de ce métier : quid de l’économie ? Personnellement, je suis plutôt d’un naturel optimiste et je constate globalement que les gens ont toujours envie de naviguer. J’ose donc espérer que le « gouffre » de 2009 est définitivement derrière nous.
Côté compétition, la baisse de fréquentation sur les régates est en train de s’inverser. Je pense qu’on va retrouver plus d’engouement dès 2011 et que l’envie de renouveler les matériels va se concrétiser. C’est bien pour ça que les constructeurs continuent de proposer des nouveaux modèles de compétition.
D’un autre côté, il ne faut pas négliger la pratique de catamaran loisir, le premier accès au catamaran, les premiers bords avec les copains. On a peut-être trop dépensé d’énergie à développer des engins extrêmes et sophistiqués. La place est encore grande pour les modèles simples et ludiques. Il suffit de regarder le marché de l’occasion.

Jeux olympiques ou America Cup : très bien qu’on puisse espérer voir plus de catamarans … mais je ne pense pas que ça influera sur le développement du marché. Les journaux disent « 1 million de gens vont sur l’eau ; 10 millions rêventd’y aller ». Très schématique ; mais tout est là. C’est un challenge extraordinaire pour le réseau des Ecoles Françaises de Voile ; car c’est bien à elles d’aider à lever les barrières et les freins pour les adultes. Un grand changement est déjà en cours et ça ne peut que continuer dans le bon sens.

CataMag: quelles sont les épreuves que tu ne vas surtout pas rater cette année ?

Thierry Wibaux: L’America Cup et les Jeux Olympiques. Ah bon, c’est pas cette année ? ;-)
Ah, le calendrier !  Etablir son programme annuel est toujours un déchirement. Quand on aime aussi bien les raids que les parcours banane tordus et tactiques, les gros rassemblements que les petites régates conviviales, le simple ou la technique, la France ou la Belgique …et qu’en plus on participe à l’organisation de certaines …pas simple tout ça.
Sur le circuit Dart : le Mondial, le National et les Coyotes  (là où on joue tout seul sur son Dart, hmmm), au minimum. Rajoutez à ça les « festifs » de l’afiDart tels que Cavalaire ou Sanguinet
Les gros rassemblements : Eurocat, Corsaires, Duc d’Albe, Catagolfe
Les jolis raids chez nous : Cataglenn, Baleines,
Et puis l’envie d’exotisme gratouille toujours : St Barth, Réunion ou Aruba
Et on ne passera pas une saison sans aller tricoter à Maubuisson ou en rade sud de Marseille.
Le plus important étant que, même si c’est un peu mon métier, ça reste à chaque fois un énorme plaisir.

CataMag: pour finir, un petit secret pour aller plus vite en Dart 18 ?

Thierry Wibaux:

1) acheter son Dart chez un vrai distributeur de Dart ;-)
2) savoir se tenir au bar et danser sur les tables
3) un gréement dormant tout mou et un cunni blindé quel que soit le
temps
4) ne pas hésiter à réguler au foc dans les surventes
5) ne jamais croire que c’est le bateau qui n’avance pas …
6) … et demander aux copains comment ils font ; car on a tous commencé  comme ça !

6 conseils pour le prix d’un, merci Thierry !

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