Deux supports SL16 et HC16 mais un seul titre, tel serait le projet fédéral 2013. photo: Franck Tiffon

Le projet initial, dans le cadre de la réforme des Championnats de France visait carrément à sortir le Hobie Cat 16 de la filière jeune. Au vu de la dualité de supports toujours en vigueur aux niveau du Championnat du Monde ISAF jeune, des statistiques ffvoile (167 espoirs classés en 2011 sur HC16 , 54 en SL16) et d’une réaction de l’asso. Hobie, du chantier et de ligues influentes (Bretagne, PACA, Pays de la Loire), pour 2013 il y aurait un seul titre pour les deux supports.

Si le rating ffvoile (1,14) est commun au deux catamarans, il convient de rappeler que celui-ci n’est pas issu d’un calcul… Quand ces catamarans régatent ensemble, les équipages en Hobie jusqu’à 15 noeuds sont derrières, du fait principalement d’une meilleure manoeuvrabilité du SL16. Au-delà cette force de vent le jeu, à équipage équivalent, s’équilibre. C’est donc un drôle de Championnat de France 2013 qui serait instauré. On peut s’étonner des quotas très bas du HC16 au regard du SL16 mais il ne s’agit pas d’affronter deux supports qui ont des qualités.

Sacrifier un support emblématique comme  le Hobie Cat 16 dépasse largement les afficionados de la marque. Méconnaître aussi fortement la dimension internationale de l’icône du cata est un peu triste, en dériveur ce serait supprimer le laser.  Au-delà d’une filière jeune et d’un titre de Champion de France, le catamaran de sport souffre d’un manque évident de relais et  donc d’influence au sein des instances dirigeantes de la fédération. Il est possible de s’étonner (euphémisme) des propos publics de certains dirigeants fédéraux. On a l’impression que persiste un décalage entre l’image des « engins de plage » manoeuvrant mal, sans finesse etc…des années 70-80 et la réalité de notre sport.

Je crois  donc qu’il ne faut pas personnaliser le débat mais le recentrer sur ce que représente  aujourd’hui le catamaran comme sport à part entière sur tous les niveaux:

-plus de 2/3 des locations estivales, c’est une manne indispensable pour les clubs ffvoile  et une pratique sportive très populaire par sa facilité d’accès et la générosité des sensations partageables en famille.

- 4.152 classés ffvoile en 2011 soit près de 30%  des pratiques sportives de voiles légères, 41% pour les dériveurs hors opti et 21% pour les windsurf. Le catamaran, discipline récente est une pratique compétitive en développement qui subi des variations imposées sans aucune concertation avec les pratiquants. Pourtant il existe une 1/2 douzaine d’associations de classe très dynamiques (F18, HC, Dart, Classe A, Viper et SL), mais elles sont ignorées. Ces associations menées par des bénévoles gèrent pourtant des séries avec des Championnats internationaux relevés permettant l’accès aux listes des sportifs de haut niveau du ministère de la jeunesse et des sports (F18, HC16, SL16).

-un nouveau support Olympique qui séduit les plus grandes stars de la voile comme Franck Cammas. Quand ce grand champion veut faire les JO en 2016, il n’évoque ni le vénérable 470, ni même le remarquable 49er mais bien le Nacra 17. Il dit aussi que ce support l’éclate. Sans doute cela est une des clefs du succès du catamaran le plaisir est là même dans la quête de la performance.

-le pinnacle de la voile sportive, moderne et spectaculaire avec l’Extreme 40,  la Coupe de l’América, ses dérivés (AC45 et AC45 Youth) et l’engagement des frères Peyron, d’Edmond de Rotschild, avec toutes les retombées positives pour la voile qui vont avec: Paris-Match, Canal+ etc…

La voile au large continuera de faire rêver mais au XXIème siècle la voile sportive c’est sur deux coques, le train est en marche et ce mouvement comme les catas est plutôt rapide.

La seconde loi de Newton énonce que l'accélération d'un solide c'est la somme des forces qui sont appliquées sur sa masse. A force équivalente, diminuer la masse c'est augmenter l'accélération et donc la vitesse. CQFD.photo: Franck Tiffon

Une des caractéristiques du catamaran de sport réside dans les grandes variations de vitesse du support. Avec le petit rappel de physique de la seconde loi de Newton il est facile de comprendre l’importance de ce paramètre. D’autant que les catas modernes ont un ensemble de réglages qui permet de reculer la limite et donc gérer la surpuissance. Si on rajoute que statistiquement, la répartition de la force du vent en régate suit une courbe normale qui s’articule autour du mou/médium, ce paramètre devient central pour s’imposer à niveau de matériel et d’équipages équivalent. Il est bien évident que des bons lourds avec des bonnes voiles, iront plus vite que des poireaux légers avec un moteur défoncé.

Darren Bundock vu le plan d’eau peu alimenté par Eole de Quingdao pour les dernier JO à Pékin avait tenté, vainement, de faire mettre en place une jauge de poids minimum pour le Tornado. Il craignait un équipage asiatique très léger contre lequel, malgré son immense talent il n’aurait pas pu lutter. Aujourd’hui Darren Bundock avec 11 kg de plus depuis Pékin, doit encore  prendre du poids pour l’AC45. Le poids d’équipage fait donc partie de notre pratique dès que l’on veut aborder le versant sportif.

Il serait inconvenant en judo ou en boxe  de faire s’affronter des légers contre des lourds, en rugby le poids des bébés fait partie du jeu. Faisons un petit tour d’horizon pour voir comment ce paramètre est régulé dans le monde du cata sportif:

-Pour l’intersérie, le calcul des rating du SCHRS intègre un poids d’équipier moyen de 75 kg. Cependant, et c’est une des grandes limites de ce système, le poids de 75 kg n’est pas imposé en course. Ainsi le rating des 15.5, SL16, VIper, Spitfire est calculé avec un poids d’équipage de 150 kg et on a sur le cata des équipages entre 110 et 130 kg. Une fois que l’on aura rajouté que 10 kg de masse pour le rating du SCHRS c’est 10/1000 soit 36 secondes par heure, on voit que le rating est ainsi mathématiquement malmené. Un équipage à 120 kg « gagne » 1 minutes et 48 secondes de compensation par heure de course. Ce n’est pas neutre.

La formule de Newton s'applique cruellement à chaque relance, dans du mou médium avec du clapot

-Pour le Tornado, SL16, D18, Classe A (75 kg mini pour le cata) et Tyka pas de poids mini d’équipage. La tendance lourde a conduit à des poids d’équipages assez light pour performer: Tornado: 140 kg, SL16: 125 kg, D18: 120 kg,  Tyka: 85 kg et Classe A à 80 kg pour l’équipier unique. Bien sur,  il  est toujours possible a des lourds de performer, mais statistiquement ceux qui gagnent sont très majoritairement à 5 kg près de ces chiffres.

-Poids minimum sur le SL15,5, le HC16, le F18 et l’AC45. Pour les 15.5 qui pèse 150 kg, le poids mini de jauge est 100 kg sans possibilité de gueuser: 99 kg d’équipage tu n’as pas le droit de courir. Le poids moyen des équipages retenus pour le stage national catamaran en SL15.5 tourne autour de 115 kg depuis 3 ans. Sur un HC16 pour les évènements jeunes la jauge c’est 112,50 kg pour les autres c’est 129 kg avec possibilité de gueuser dans les deux cas. Le poids optimum d’équipage en HC16 s’établi autour de 125-130 kg. En F18 (180 kg pour le bateau) pour le grand gréement l’essai d’un poids mini à 130 kg (avec 12,5 kg de plomb) prend fin à la fin de l’année. Si le World Council ne fait pas perdurer cette dérogation, il faudra atteindre 140 kg et gueuser à 5 kg. Le poids optimum est autour de 150 kg, le poids de jauge. Les formes modernes de « culs de barriques » jouent en faveur des équipages F18 plus lourds. Pour les AC45 les 5 équipiers doivent peser 85 kg en moyenne, soit 425 kg sur les 1.400 kg du bateau à aile rigide. Selon Mitch Booth, 30 kg est un écart significatif sur plus de 1.800 kg en mouvement.

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