Les jeunes Néo-zélandais font une seconde journée de finale parfaite: 1-1-1. image RB TV

Revenir en arrière ?

Alors que le spectacle est fabuleux, que ce soit en AC50 ou AC45. Rater un départ n’empêche pas de gagner (les anglais pénalisés partent deux fois derniers lors du second jour de la finale jeune). Les choix technologiques portés par la 90%-monotypie sont fascinants. Malgré cela, certains relaient  que les kiwis  vont faire revenir la Coupe vers un monocoque.

Pourquoi pas. Ce serait un chouette gage de sportivité de leur part, vu l’aisance dont ils viennent de faire démonstration avec l’AC50 ;-) .

Le retour de Bertelli  dans le circuit, comme Challenger of record pour Luna Rossa, les discussions avec Bertarelli d’Alinghi, et les débats internes à l’équipe détentrice maintenant de la Coupe, peuvent laisser penser aussi que les catamarans restent au programme.

Sans passer par le fond de la mine Olympique, point de salut.

Hormis les questions de plastique et d’intendance, il y a une  leçon de cette dernière édition de la vieille dame.

Chez les grands la corrélation entre le nombre d’Olympiens et médaillés à bord ou à côté, avec la durée du parcours est forte  et difficilement contournable. N’est-ce pas MM.Burling, Ahsby, Tuke, Outteridge, Presti, Percy, Ainslie, Waterhouse… ?.

Cela s’applique aussi  chez les plus jeunes où le nombre de padawans des anneaux entraîne, ou non,  la présence sur le podium. Pour mémoire, Burling est déjà un champion de 49er lorsqu’il gagne la première RBYAC en 2013. La composition des équipages jeunes du podium 2017 Anglais, NZ et Suisse est significative.

La statistique  favorise ceux issus des supports rapides: 49er, Tornado/Nacra . Pousser les wagonnets du fond de la mine du circuit voile Olympique s’avère bien nécessaire pour supporter la pression de la Coupe. Franck Cammas avec sa campagne de Nacra 17 a parfaitement compris ceci.

Avec un niveau international skiff qui progresse et celui en catamaran au top,  la France peut ainsi avoir les moyens humains pour briller sur la Coupe. D’autant que l’autre aspect important à considérer s’avère celui du rajeunissement sensible des acteurs…

Enfin n’oublions pas que la femme est l’avenir de la Coupe

La Coupe eput-elle rester 100% masculine ? Annabel Vose du team jeune anglais ouvre la voie. La célèbre proposition sur l’avenir de l’homme est d’autant plus valable pour le plus vieux trophée sportif du monde, si l’on considére les Olympiennes et médaillées des JO en voile.

Les femmes pilotes de chasse cela existe déjà, à la barre d’AC50 cela serait une belle image de modernité de notre sport.

Pieds nus pour le barreur, style fluide et engagé, les cousins ont commencé l'olympiade à 21 ans et à 25 ans , ils ont rapporté à l'australie une médaille d'argent de Rio. photo FT

Jean-Pierre Champion visait rien moins que 6 médailles à Londres. La France est revenu avec une. Le nouveau DTN après 2012, Jacques Cathelineau et son équipe ont su se remettre en cause, travailler. Compte tenu que Billy Besson et Marie Riou n’ont malheureusement pas pu concrétiser leur domination sur la série Nacra 17, les 3 médailles de Rio constituent donc un net progrès.

Première campagne olympique, première médaille !

Regardons un peu autour de notre nombril hexagonal et observons l’exemple d’une nation forte de la voile dans notre discipline. Première campagne, première médaille pour  Jason Waterhouse et Lisa Darmanin, les cousins australiens à seulement 25 ans. Pourtant à eux deux ils n’ont pas l’âge du Champion olympique avec Cécilia Saroli, la légende Santiago Lange relevant d’un cancer et déjà double médaillé de Tornado en arrivant à Rio en étant 6 fois olympien.

Les jeunes kangourous, très rapides et agiles dans la brise et toujours là dans le mou médium, ce titre de vice-Champion olympique n’est pas le fruit du hasard. Il représente l’aboutissement d’une première olympiade brillante avec deux podiums mondiaux et le gain du test event de 2015.

Pour l’observateur, ils sont plus de 90% du temps dans le top du match, équipage véloce mais pas tant que ça, toujours là, des teignes. Ce qui frappe lorsque c’est shifty: Jason à la tête sur roulement à bille, capable  de passer en mode réactif dériveur simple pour faire de la dentelle, puis revenir en mode anticipation large en acceptant de manger afin de se replacer pour la suite. Joueur et raisonnable. C’est bien des régates en flotte dense du Hobie Cat 16  australiens qu’ils ont acquis un style fluide avec des manoeuvres engagées.

Un équipage qui est passé directement du Hobie Cat 16 au Nacra 17

Si Jason c’est illustré en F18 et a participé à la RedBull Youth América’s cup, a taté du Classe A (second de l’Euro 2014 aquitain derrière  Dieu Ashby, François Gabart 17ème pour situer le niveau), il  navigue avec Lisa Darmanin depuis 2007, cela explique une belle coordination d’équipage.

Un titre ISAF Youth en 2009, la dernière fois où le support était avec coques bananes, un podium européen Hobie Cat 16 open en 2010 et le titre mondial Hobie Cat 16 Youth  la même année, sont leur principaux faits d’armes. Un bref passage de l’équipage sur Viper pour découvrir un catamaran technique et c’est le grand saut vers le  support olympique.

En France un tel parcours s’avère malheureusement impossible. D’abord car, par une immense bêtise, la FFV a éjecté le Hobie Cat 16 de la filière jeune en 2012, privant les jeunes français d’un accès formateur à un premier stade international. Certains à la FFVoile écrivent même fin 2016, qu’il n’est pas nécessaire de faire des régates internationales…

Ensuite car il a fallu attendre 2016 (et une insistance lourde), pour qu’un titre catamaran mixte espoir voit le  jour.

Optique anglo-saxonne : la place pour jouer, se gagne avec des résultats sur l’eau

Arriver à Rio n’était pas acquis, l’autre équipage australien mené par Darren Bundock (45 ans) est une légende vivante du catamaran de sport. Avec Nina Curtis, elle aussi médaillée d’argent aux JO (Elliot) ils constituaient un équipage phare du Nacra 17 du top niveau mondial capable encore en 2015 d’être vice-Champion d’Europe de la discipline.

Le niveau d’opposition à l’entraînement induit le progrès puis la performance en régate. Ce raisonnement s’est révélé une fois de plus pertinent. Contre toute attente ce sont bien les jeunes qui après des stages communs, au fil des épreuves ont su s’imposer face aux brillants anciens. Le test event et le Championnat du Monde servant à confirmer l’équipage représentant l’australie à Rio.

La leçon évidente reste qu’ouvrir  la porte de l’olympisme aux jeunes est payant

Commencer à 21 ans comme les australiens pour être médaillé à 25 est donc possible. A plus long terme c’est même un pari pascalien: 100% gagnant. Les italiens ont un groupe de 3 équipages jeunes autour de 20 ans qui tourne et progresse. Les Danois, allemands, néo-zed et british alignent des jeunes. Après un passage à vide, sous l’égide de Philippe Neiras des jeunes ont pu enfin naviguer à l’ENV sur le support olympique à l’automne.

Les jeunes équipages français avec un désir olympique, doivent aussi pouvoir  jouer afin d’avoir une plateforme de nouvelle génération, le temps et les moyens de progresser.

Des sélections ouvertes pour densifier le haut niveau français ?

La pré-sélection (maxi 10/12 équipages) se ferait sur dossiers comme la RedBull Foiling Generation, avec des critères objectifs: nombre de titres de Champion de France, sélection en Bleuet, titres internationaux, ranking WS de la série. Ajoutons, une ou deux wild card de la direction technique pour ne pas pénaliser des potentiels tardifs.

La FFVoile et/ou l’ENV met à disposition des supports fédéraux Nacra 17 première génération, qui seront tirés au sort à chaque course. Avec un format de course calqué sur l’international, on peut même considérer cette épreuve comme le Championnat de France élite.

On a alors seulement deux cas de figures:
-les anciens sont logiquement devant, les heures, l’expérience et les moyens  mis à disposition paient,
-les anciens sont bousculés, ici c’est une bonne nouvelle, le DTN et l’entraîneur de la série, peuvent (doivent !)  les maintenir dans le dispositif, la petite désillusion s’avère alors un excellent moteur pour tous.

Refaire la même opération au milieu de l’olympiade permet de maintenir une saine pression sportive, la hiérarchie se fait sur l’eau.

Et cela peut se faire même sur les autres séries ;-)

Les jeunes français méritent d'avoir le droit de progresser, ici Thomas 20 ans et Marie 16 ans (FRA 245) jouent un moment avec des tops à Hyères dont Moana Vaireaux et Manon Audinet (équipe de France FRA285). photo FT - j'ai d'autres shoots ;-) -

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