Emeric ici avec Joris Cocaud des jeunes fans de la Formule 18. photo DR.

Ci-dessous le compte rendu d’Emeric Dary sur une épreuve particulièrement réussie à terre comme sur l’eau. Emeric est un jeune régatier Vendéens de 22 ans talentueux et expérimenté, vainqueur de l’Eurocat C3 en 2009,  Champion de France espoir en 2010, 3ème du  Championnat de France des Raids 2012, il demeure avant tout un grand fan de catamaran de sport qui s’éclate sur l’eau.

« Pour cette Coupe Nationale 2013, 36 équipages Formule 18 ont répondu présents à Brest.

Dix équipages de moins que l’édition précédente certes mais pas si mal,  compte tenu du contexte économique et du fait des plus pros retournant vers le nacra 17. La Formule 18 est dans une phase de transition qui la rend à son origine: une série fun et sportive pour amateurs éclairés. On retrouve cela sur le choix du matériel: à l’exception de deux Cirrus B1, un Diam et deux Nacra Infusion mk1, la flotte est concentrée sur des bateaux de nouvelle génération qui pour la plupart ont moins de deux ans et des dérives profondes.

Pour notre équipage, la Coupe Nationale, était la deuxième course de la saison, nous naviguons sur un nouveau Formule 18, le Shockwave mk2. Avec  peu d’heures de navigation à l’Eurocat, Brest est l’occasion de  préparer le  Championnat du Monde à Grosseto (ITA-Toscane, déjà 160 inscrits venant de 20 nations différentes) en juillet. Il s’agit de trouver les réglages pour aller aussi vite que les meilleurs. Dans cette entreprise j’ai la chance d’avoir un équipier expérimenté, David Fanouillère, Champion du Monde jeune  F18 en 2011 dont la rigueur et la méthodologie ont été précieuses, et aussi des partenaires avec un bateau identique :Benjamin Dutreux et Gatien Planson.

Un comité de course à l’écoute et une vie à terre active

Cette année la compétition était étalée sur 4 jours, du jeudi au dimanche. Le jeudi était très venté, des conditions proches du mardi de l’Eurocat qui ont poussé le Président du comité de course brestois M. Le Gouic à se montrer à l’écoute des représentants de la classe. Sage décision quand on connait les risques matériels et humains dans la grosse « cartouche ». La journée étant ensoleillée beaucoup en ont profité pour papoter, bricoler sur le parking ou encore participer à des cours théoriques avec le dernier vainqueur de la coupe nationale: Fred Moreau.

Le vendredi à proposé des conditions plus clémentes, 12 à 18 nœuds permettant au comité de course d’envoyer 4 manches, durant cette journée la tactique à joué un rôle très important : des gros coefficients de marée avec beaucoup de bascules à droite en se rapprochant du port .

Le soir après  une assemblée générale de la classe sérieuse et permettant aux présents de s’exprimer, nous avons eu un repas coureurs très sympa avec au menu un plat local appelé « kig ha farz ».

Des conditions idéales pour des navigations à grande vitesse

Le samedi nous a offert des conditions assez similaires à la veille, c’est à dire optimales pour faire du F18, même si on y aurait volontiers ajouté quelques degrés et des rayons de soleil ! Après 2 manches le comité de course envoie la flotte F18 vers celle du Grand Prix de l’Ecole Navale pour une course intitulée « speed crossing » un gros navire gris de la Marine devient comité le temps du départ et lance les F18 à toute allure vers le port de Brest. Quand on croise alors des quillards de sport on réalise a quel point la Formule 18 c’est magique. Nos collègues sur les monocoques ont du être un peu blasés de nous voir filer deux fois plus vite qu’eux la coque en l’air et nous suspendu au ras de l’eau!

Parcours de 15 miles nautiques, d’abord du près jusqu’à l’Île Ronde, puis du travers jusqu’au port de Brest, des séries d’empannage sous spi entre les cargos dans le port , du travers à nouveau et arrivée devant le port de plaisance. Si les courses longues distance ne sont pas au programme du Championnat du Monde, elles représentent une grosse partie de la pratique de notre sport et ici c’était le plein d’adrénaline et des bords d’anthologie.
Après ce raid, pas de relâche, tout le monde à l’apéro ! Aimablement offert par Direct Sailing Brest au bar mythique et chargé d’embruns que certains occupaient déjà depuis le début de la régate : « Le tour du monde ». Les plus fêtards y ont d’ailleurs passé une partie de leur nuit…

Le dimanche, les bateaux sont gréés sous une belle pluie Bretonne, le président nous a convoqué tôt et  de nouveau un parcours longue distance et une manche dans une bonne brise pour clôturer ce championnat physique, technique et conviviale. Merci aux membres du club l’USAM, dont une certaine Mme Riou, pour les crêpes à 1€ et les galettes complètes à 2€, naviguer ça creuse :-) .

Gurvan Bontemps et Benjamin Amiot survolent l’épreuve, « le coureur F18 se révèle un chic type plutôt délirant ! »

Au classement général Gurvan Bontemps et Benjamin Amiot , impressionnent tout au long du championnat, emportent haut la main le titre de Champion de France de Formule 18 attribué sur cette épreuve. Derrière le classement est beaucoup plus serré, « MAC » alias Pierre Yves Durand et Maxime Hainneville terminent second et premiers jeunes (- de 25 ans), à la 3ème place Romain et Valentin Bellet qui portaient les couleurs de Next World Energy Team équipiers de l’AC45 français.

A titre personnel j’ai vraiment apprécié de  participer à cette épreuve, un excellent niveau sur l’eau , une super convivialité à terre, l’organisation Brestoise de l’USAM a été à la hauteur, et le coureur F18  se révèle  un chic type plutôt délirant !

Une régate de préparation un peu gâchée par une drisse récalcitrante

Sportivement notre régate  a été un peu frustrante en terme de résultat car nous avons été handicapé sur les 3 jours par une mauvaise préparation de la drisse de spi, problème que nous n’avons pas su résoudre convenablement, malgré beaucoup d’efforts. Le  bilan reste globalement positif car au fil de la course nous avons progressé en vitesse, dans l’exécution de nos manœuvres et trouvé des réglages intéressants. Ce qui nous a le plus manqué sur ce championnat c’est la capacité à sortir la tête du bateau et observer la tactique, pour l’avoir, pas de secret, il faut de l’entraînement.

Cette nouvelle version du Shockwave nous permet de rivaliser sans complexe avec les meilleurs au près, et de descendre à toute allure au portant, les deux bateaux sont encore au stade de développement : nous naviguons avec des anciennes voiles et il nous reste encore des modifications à apporter au bateau. Nous sommes très optimistes pour la suite, maintenant il va falloir naviguer le plus possible jusqu’à Grosseto !

La F18 c’est énorme !

J’encourage tous ceux qui sont dans les séries jeunes à se battre pour intégrer la Formule 18, comme l’ont fait cette année les bretons Loïs et Hugo , les normands Antoine et Guillaume, les nordistes Hugues et Quentin, les Royannais Benjamin, Antoine, Guillaume, Charlie et Augustin, ou les frères sudistes Hublet.
Trouver des subventions, des partenaires, des mécènes, des bateaux performants, c’est une autre compétition, pas très facile pour des jeunes, mais le jeu en vaut la chandelle, la F18 c’est énorme ! »

"Monsieur a son avenir devant lui, mais il l'aura dans le dos chaque fois qu'il fera demi-tour" (Pierre Dac). A propos d'avenir derrière soi: ici le podium HC16,dont on peut se demander s'il n'est pas le dernier (voir notre article dans BFD ). Les jeunes femmes visiblement soulagées et légitimement heureuses de ce titre espoir. photo: Franck Tiffon

Comme les deux autres podiums catamaran de ce Championnat de France espoir 2012, outre l’aspect guerre des sexes qu’autorise notre sport, c’est une de ses noblesses, le podium fut le résultat d’une semaine éprouvante pour les nerfs sur le caisson et de superbes batailles même si le plan d’eau compte tenu de la rivière et d’un courant important était assez mono-trajectoire. Et surtout un vendredi théatre de la seule course avec du vent qui a failli tout bousculer. En effet les trois titres et les podiums se jouent sur la décision du comité qui renvoi à terre la flotte sans attendre la fin du grain alors que le planchistes continueront.

SL15.5: l’Aquitaine terrasse l’ogre du Poitou-Charentes

La blonde et frêle Camille Marteau dit avec un grand sourire que sa pratique du SL15.5 n’a que 4 mois. C’est vrai. Cependant, vu le palmarès de ses parents et de sa soeur Anne en Spitfire, elle est, comme Obélix, tombée dans la marmite de la potion magique du cata étant petite. Et  pas n’importe laquelle; celle de Maubuisson. Avec Théo Folley malgré le DNF dans la fameuse course du vendredi où le grain traversa la flotte les bordelais conservent l’or acquis avec beaucoup de courage et de lucidité durant la semaine. Le soulagement du papa lorsque le comité envoya l’aperçu sur A renonçant à une seconde course fut perceptible. En effet les trois équipages du Poitou-Charentes étaient revenu sassez prêt pour croquer sans coup férir les aquitains dans une seconde course de brise. Que ce soit les rochelaises Anna Le Bolloch et Rose Dorange (argent et 10ème dans le vent) les rétais Pierre Boulbin Thomas Ferrand (bronze et 4ème le vendredi) ou  Morgane Gombaud et Marjorie Duret (médaille en chocolat et 3ème du vendredi), particulièrement à l’aise dans le vent comme tous les sociétaires du club des Nonnes (CN Meschers) puisque c’est l’autre équipage michelais en SL15.5 qui gagne cette manche sous le grain: Morgan Putier et Florian Gohier.

SL16: les frères Trebaol l’emportent avec un mât cassé, les tropéziens seconds à qui perd gagne, éjectent les rochelaises du podium !

L’avance de Tristan et Corentin au bout de 9 courses était importante, pour faire court  les frangins ont atomisé méthodiquement ce  Championnat. Les arradonnais de Londres, pour éviter de se faire chambrer par les potes envoient du lourd avec leur 117 kg et, avec l’aide d’un départ anticipé (ils sont BFD)  passent la bouée au vent 3ème sous le grain: bravo ! Comme souvent c’est dans la descente que cela se corse, le dessalage que tout leur camarades à terre (mais adversaires sur l’eau) attendent arrive et entraîne un bris de barre de flèche (depuis le temps que l’on dit au papa de monter le kit Siréna). Là encore le gong de l’aperçu sur A sauve le titre des frangins. Derrière c’est « chamboultout » puisque les tropéziens Julien Quilichini et César Hardeley (113 kg) sont heurté par un concurrent, ils finissent loin et sur le classement provisoire, ils sont même alors hors du podium. Cependant ils obtiennent devant le jury un RDG, soit une compensation du préjudice qui leur donne la moyenne des points acquis jusque là. Ce qui les replace mathématiquement seconds. Au grand dam des Chatelaillonnais Henri Ringeard et Pierre Cesmat qui doivent se contenter du bronze et surtout des rochelaises Perrine Feaugas et Mathilde Lefebvre qui tombent de la boîte. Alexandre Molina et Florian Ravon s’imposent dans la brise devant Antoine Dijou et Guillaume Lecrocq.

Hobie Cat 16: la femme est l’avenir de l’homme.

Ici c’est la paire Audrey Ogereau et Manon Audinet qui sauve sa semaine aussi sur le retour à terre face à  Antoine Tiffon (17 ans) et Guillaume Eliot (16 ans) qui ont minimisé la casse durant 9 courses ne craquant que dans la course du  jeudi . Les Champions de 2011  gagnent facilement cette manche ventée devant les deux autres équipages michelais (Benjamin Tiffon/Charlie Biardeau et Thomas Tiffon/Augustin Hugues). Les michelais imposent un rythme élevé , les jeunes femmes de 20 ans qui désirent se qualifier pour les JO de Rio 2016, ne pouvant faire mieux que 11ème avec un dessalage. Seul les carnacois Loïs Berrehar et Emmanuel de Colombel suivent dans la presque tempête, les frères Tiffon (2/20 je sais, c’est nul, mais ça m’amuse ;-) )  pendant un tour. Ils ont alors sorti l’équipage breton remarquable  et surprise de ce championnat: les arradonnais Charles Edouard Collet et Thibault de Servigny qui à ce moment de la course sont passé de seconds à quatrièmes du Championnat. Dans une  survente, au près, les carnacois glissent et dessalent perdant l’opportunité de monter sur le podium. Suspens on vous dit.

PS: à Brest la semaine prochaine, entre 15 et 20 noeuds tous les jours.

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