CataMag

Amusant d'effacer les recommandations facebook: ici une photo avec 166 le score était de 183 ;-)

Avec à peine 200 équipages dont plus de 20 uniquement là dans le cadre du processus de sélection au Championnat du Monde jeune, pour sa 27ème édition, l’épreuve emblématique du catamaran de sport français est à un carrefour.

Une inscription de l’ordre de 150 euros ne transforme pas le régatier amateur de rassemblements en consommateur, cependant il vient là pour prendre du plaisir et ce n’est pas qu’une question de météo. Le bonheur des compétiteurs est la meilleure récompense pour les bénévoles dont je salue ici le travail et l’engagement.

Mon propos ici est moins de critiquer que de rapporter des faits et d’essayer de proposer des pistes afin de continuer le succès d’une épreuve que j’aime.

Plus de tour de Houat ou de la Vieille, mais un parcours trop complexe pour le raid: la fin du mythe ?

D’abord parlons en de la météo. Deux premiers jours  classiques avec ce type de vent et de prévisions puisque après la bascule annoncée, arrive vers 16 heures des conditions parfaites: 15 noeuds, du soleil et mer plate.

C’est à ce moment pile que les catas rentrent après un parcours en baie tortueux que l’on peut difficilement qualifier de « Grand Raid »le dimanche ou une pauvre course de très petits airs le second jour dans un flux de sud intermédiaire et instable le lundi. Il faut imaginer la frustration des compétiteurs envoyés sur l’eau à crâmer dès le matin avec un pavillon D le lundi, afin qu’ils ne traînent pas à terre (sic) et qui vivent les seuls moments  sympathiques au moment de rentrer vers la plage…

Dans des conditions peu en phase avec ce type d’épreuves: des blessures sérieuses, les coachs assurent la sécurité et un équipage sauve un régatier seul dans l’eau avant de le remettre à un bateau de pêche

Le troisième jour est une caricature. Alors que la prévision d’un vent fort (>25 noeuds) se réalise sous nos yeux, la flotte est lâchée. Casses matérielles nombreuses, particulièrement coûteuse et surtout des blessés  sérieux, doigt bien abimé, jambe cassée et entorses multiples, l’ambulance passe et repasse. Combien de blessés exactement ? Voilà une comptabilité pas très amusante mais à considérer pour « l’attrait » d’un rassemblement. On note que Matthieu Vandame se blesse alors qu’il navigue avec un certain François Gabart.

Si le rond F18 parvient à valider une course c’est non seulement par le niveau de cette flotte, le caractère marin de ces catamarans mais au prix de casses et blessures. Chez les C1/C3 les courses seront annulées (pourquoi ont-elles été lancées, cela reste un mystère) et on aura l’élimination physique de candidats à la sélection pour l’Equipe de France Bleuet. Effectivement Yvan Bourgnon, ici avec  Joris Cocaud,  trouvent que c’est moins dur que le Cap Horn ou le Cap Corse de nuit et ils s’amusent même à finir le parcours alors que la course est annulée…

Surtout que les sécu. si elles sont efficaces et motivées sont malheureusement  débordées par les innombrables dessalages. Heureusement les coachs, venus pour une sélection ISAF, qui au passage n’a rien à faire dans un rassemblement, ont suffisamment de métier et d’expérience des situations tendues pour faire rentrer la flotte et  éviter un drame.

Je salue ici le comportement de vrais marins des jeunes qui voyant un compétiteur nageant seul, se déroutent et exécutent une manoeuvre délicate dans ces conditions d’homme à la mer puis vont le remettre à un bateau de pêche. Le jury les félicitera et leur accordera un reclassement à la 12ème place F18.

Le soir de cette triste journée un nombre important de catamarans sont sur la remorque les compétiteurs repartent avec un goût amer dans la bouche. Si le dernier jour permet de valider l’épreuve dans 15-20 noeuds, pour les C1/C3, plus de 40% de la flotte F18 est déjà reparti ou ne va pas sur l’eau ayant été échaudé la veille. Déjà que le parking et la plage ne sont pas très remplis. Le niveau en F18 reste cependant sérieux c’est l’occasion de saluer la victoire de Billy Besson avec Jérémie Lagarrigue sur un Nacra de stock sans préparation spécifique, ni lecture particulière d’une jauge de bateaux low-tech, du pur F18 spirit, bravo et merci à eux !

L’âme de l’EurOcat repose sur quelques actions simples et des comportements de bon sens à remettre en place.

L’abandon du  repas coureur, même s’il est spartiate ou en libre service, BBQ, dégustation d’huitres, salades industrielles, paella géante etc… est à reconsidérer sérieusement et pas seulement au regard du coût de l’inscription.

Plus de photos, d’écrans pour visualiser images et les copains c’est un vide sérieux si l’on considère les efforts fait sur ce point dans d’autres rassemblements. Sans parler de tracking ou de suivi sur des écrans géants qui animent le spot, pas seulement pour les participants. Là on ne partage plus grand chose.

La fin des paniers mer pour les coureurs, au moins pour le raid c’est une perte du petit bonheur de grignoter, certes la gestion des déchets est alors à étudier.

Faire attendre à terre les compétiteurs en cas de bascule annoncée, décaler les heures de mise à disposition pour se remettre de la veille (pas seulement des courses :-) ) sont des attitudes cohérentes avec un rassemblement qui n’est PAS un Championnat du monde. En plus cela fait le bonheur des caisses du club par la buvette et des cafetiers/restaurants aux alentours

Fixer une limite claire de force du vent pour la mise à disposition et pour lancer une course, n’est pas dénaturer la règle fondamentale mais la prise en compte de la connaissance de nos supports: un F18 n’a pas les mêmes contraintes qu’un SL16.

Le drapeau bleu sur une ligne d’arrivée réduite n’est certes pas obligatoire, mais c’est une courtoisie envers les compétiteurs. De même qu’un zodiac organisation qui traverse pleine balle la zone de course, provoque des vagues qui font râler les compétiteurs dans la molle, surtout quand c’est pour  « virer » un peu sèchement un semi-rigide de coach situé en dehors du parcours… Cela reflète une perception à améliorer des compétiteurs. Un peu d’échanges, de concertation avec les coachs, les représentants des classes qui sont les premiers prescripteurs ;-) , avant l’épreuve par un briefing avec ceux-ci, apportera sans doute de la sérénité… et un peu du nécessaire respect mutuel.

L’esprit de l’EurOcat à préserver est celui d’ un rassemblement. Ce qui ne s’avère pas compatible avec un processus  de sélection de l’élite jeune

Sérénité nécessaire aussi car la superposition d’un rassemblement sympathique avec un Championnat de France intersérie, passe encore c’est de la promotion, et si l’aura de l’EurOcat peut lancer ce championnat qui patine depuis 3 ans, pourquoi pas.

Mais intégrer le processus de sélection pour le Championnat du Monde jeune est une faute de MM. Churet et Fraboulet (voir mon article prémonitoire publié avant l’épreuve). Pour l’anecdote le jaugeur ne savait même pas que les candidats devait être pesés lors de l’inscription. La FFVoile n’avait pas communiqué cette consigne, ce qui laisse rêveur. Des jeunes compétiteurs se sont fait coincer sur des départs par des équipages qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient.

Cédric Fraboulet confirme qu’il sagit de placer des jeunes dans des situations inédites. Force est de constater que seul le catamaran de sport est concerné par cette lubie de mélanger torchons et serviettes. On espère que le département haut niveau de la FFVoile qui a repris la responsabilité des Bleuets au département voile légère de M. Churet saura prendre en compte cette malheureuse expérience. Deux équipages parmi les meilleurs écartés et ne pouvant défendre leur chance sur une épreuve sportive sans rapport avec l’objectif final c’est d’abord dommage pour l’Equipe de France jeune.

En même temps le podium du Championnat de France promotion intersérie C3 m’amuse beaucoup: il est composé de jeunes de la filière fédérale. On parle promotion de notre sport, là ? Le ridicule ne tuera pas les instigateurs de cette mascarade sportive autour d’un titre. Thierry Wibaux  4ème C3 avec un bel humour me dit qu’il faut transposer la règle des habitables relative « aux vieux gréements ». Bravo aux jeunes en C3 et à Emmanuel Le Chapelier et Eric le Bouedec qui s’imposent en C1.

Comme j’ai eu l’occasion de l’écrire ce WE sans les bénévoles pas de course, mais sans compétiteurs, cela ne marche pas non plus. Et j’ai croisé trop de personnes remettant en cause une  participation ultérieure pour que l’on ignore ce point de vue.

——————————————————————–

Post scriptum du 3 mai: au lieu de considérer les faits, la douzaine de témoignages des compétiteurs, sans doute cela n’est pas assez, des « responsables » de l’organisation préfèrent la polémique stérile.  Pour ne pas polluer CataMag qui est très visité, avec une réponse à des accusations sur ma personne, mes enfants qui sont mensongères et diffamatoires, allégations  auxquelles je me réserve le droit de donner les suites nécessaires, j’ai déplacé ma réponse qui démonte point par point cette vaine tentative de me faire taire et donc aussi museler les pratiquants, sur mon blog personnel

En deux ans entre formule complexifiée, évolutions imprévisibles et pénalités arbitraires, le crédit des ratings du SCHRS pose questions.

Donc c’est officiel en 2013 les Formule 18 (0,988)  sont  plus rapides qu’un Tornado avec spi de 24 m2 (0,993 ). On peut en sourire -spécial dédicace à William ;-) -  et rappeler que l’intersérie et les ratings sont indispensables pour régater en local entre copains du parking mais que le jeu de la régate prend sa véritable dimension en temps réel. Citons ici  ce qu’écrivait dès 1999 Pierre-Charles Barraud , président de la commission technique catamaran de la FFVoile 2013:

« La Course en temps réel présente un intérêt tactique très supérieur à la course en temps compensé »

Encore faut-il que l’intersérie soit perçu comme équitable. Sans confondre évolution technique et usure des supports ou des voiles et au vu des chiffres ci-dessus cela mérite donc un examen .

Commençons par une approche complémentaire sur la définition, panels et relativité des ratings des catamarans de sport faites par Guilhem Ensuque, ingénieur INSA qui a fait un point accessible et pédagogique en 2010.

Le rating à la performance intègre le biais du niveau sportif des flottes actives sportivement.

Guilhem distingue deux types de ratings, celui qui mesure les bateaux, donc fixe et un autre variable: le statistique. En intégrant l’équipage, le second est ainsi biaisé par le niveau sportif de la flotte du support concerné.
En effet, sauf à montrer une répartition gaussienne/normale du niveau technique, d’expérience et de talent des sportifs par support (bon courage ), les supports avec une flotte sportive active sont mieux exploités et donc devant.

Un régatier de club aura un « rating » avec des morceaux du talent/expérience des champions de la série sur laquelle il navigue. Sur un Nacra 17 cela sera plus difficile que sur un Dart 16.

Ce type de calcul fait que très rapidement les bateaux avec un rating handicapant préfèrent régater entre eux (chez les bicoques: F18, HC16 et Classe A, les 3 classes avec des flottes contituées et donc du niveau). Le jeu de l’intersérie n’est plus perçu comme fair, le parking sait d’avance quel support défonce les autres, ce qui favorise la mise en place de circuits dédiés

La formule du SCHRS est plus complexe et surtout son évolution non prévisible repose sur des études dont les paramètres restent à préciser.

Or dans la dernière évolution « historique » le SCHRS/ISAF est passé d’un rating de mesures sur une quinzaine de critères physiques à un rating intégrant de manière complexe différents systèmes et surtout dont les paramètres évoluent de manière pas très prévisible. Les performances sur les régates semblent faire partie des critères puisque leur analyse entraîne des variations des paramètres de la formule. Reste à savoir alors, selon quel mode de calcul… ;-) . Les résultats ci-dessus montrent des aspects surprenants et on peut se poser la question d’avoir les détails pratiques (météo, auteur de l’étude…) et mathématiques ( sérieux statistiques de l’échantillon, en particulier) de cette étude annoncée comme étendue sur les résultats français cité dans le document introductif au rapport de 2013 du SCHRS en lien.

Si l’on rajoute que la FFVoile a inventé depuis 2011 un nouveau système: le rating arbitraire. Exemple le Hobie Cat 16 et le SL16 affublés du même rating = 1,14, chiffre qui sort du chapeau. L’édifice procure alors un effet étrange.

Voler en 2013 c’est une pénalité fixe de 1,5% pour le SCHRS

Que ce soit pour les archimédiens ou ceux qui relèvent de plus en plus de la fédération de vol à voile les pieds mouillés avec le petit paramètre de l’aile rigide, histoire de rigoler. Mais dans quelle part, le vol, l’incidence du clapot etc… ? Le futur/présent s’avère donc particulièrement délicat à modéliser. Cependant le travail de fond est en cours par les ingénieurs de la Coupe de l’América pour les AC72 ou ceux de la « Petite Coupe » sur les Classe C.

Pour le SCHRS c’est beaucoup plus simple les bateaux qui volent ont eux une pénalité de 1,5%…. . Tout cela reste à relativiser puisque l’intersérie est avant tout un outil parmi d’autres du développement de la pratique sportive.

© 2017 CataMag Suffusion theme by Sayontan Sinha