Des vieux F18 pour les jeunes, "L'idée" de la commission catamaran FFVoile n'est pas sérieuse sportivement. photo FT des jeunes michelais sur des F18 anciens en 2011...

Un projet de  jauge F18 club inachevé, qui relève d’un fantasme: faire naviguer les catamarans anciennes générations en les dotant d’un rating avantageux

L’attestation sur l’honneur sous réserve de la commission centrale d’arbitrage, pour certifier que son vieux F18 fait bien 190 kg et respecte une jauge lancée à la va-vite sur du papier libre sans en-tête fédérale, c’est pour produire quelque chose en ce début de saison. Cela ne fait surtout  pas très sérieux. Le département voile légère reste sur sa position dogmatique et déconnectée de la réalité que le « rating » va faire naviguer et régater les bateaux anciens. Si cela était vrai alors les Hobie 18 Formula, Dart 18 et Tyka seraient légions sur les départs.

Pour comparaison, le come-back des Hobie Cat 14 repose sur quelques bénévoles, la volonté de régater en temps réel avec des monotypes et un programme de régates excitant, pas sur un « gratingue » illusoire, variable, opaque et plus ou moins fantaisiste.

Casser la flotte F18, ne fera pas naviguer plus de bateaux. Au-delà de l’architecture, c’est bien le vieillissement des supports et des voiles qui fait le plus gros de la différence. Soyons bienveillant et attendons pour apprécier ce qui semble voué à l’échec. En effet  si l’on regarde du côté de la flotte dériveur, on attend le revival des anciens designs. Reprendre une recette qui ne marche pas sur un autre support, ne peut laisser espérer malheureusement, que des résultats décevants.

La commission fédérale catamaran dans sa tour d’ivoire, n’écoute ni les techniciens de terrain, ni les bénévoles des classes, ni les propositions concrètes d’une pétition avec plus de 400 signatures

L’impasse de la filière catamaran après 16/17 ans pour des raisons de gabarit,  organisée par les penseurs de la rue Bocquillon en supprimant le Hobie Cat 16, se voit tellement maintenant qu’il fallait bien faire un truc. D’où « L’idée » 2015 de la commission catamaran (multicoque en novlangue fédérale) de reprendre ce qui se fait dans les clubs  depuis des années. Faire naviguer les jeunes pour débuter avec les bateaux techniques sur des F18 anciens. Mais la commission fédérale déforme le concept par manque de vécu et d’écoute et ça coince

En ignorant d’abord l’analyse et les préconisations judicieuses d’un cadre technique de terrain expérimenté: Argumentaire pour un titre catamaran F18 17-25 ans aux championnats de France Espoir Glisse 2015. La commission fédérale parasite ensuite le  succès des bénévoles de  la Formule 18  en France: première nation mondiale dans cette série. Bien évidemment, la commission fédérale catamaran a pondu cette « jauge » F18 bis sans aucune concertation avec les bénévoles français de la F18.

Enfin, passer outre les propositions d’une pétition qui regroupe plus de 400 signatures de coureurs, parents, entraîneurs, Bleuets, dirigeants de clubs, Champion du Monde et un Champion Olympique, montre que cette commission n’est plus représentative que d’elle-même.

La F18 club où le mépris pour les jeunes qui ont choisi le catamaran de sport

Donc: toi, pauvre jeune qui a l’audace de vouloir faire du catamaran tu vas régater sur un bateau ancien, pas cher, avec une jauge reposant sur une attestation sur l’honneur. Cela fait rêver, non ?

Sportivement on peut même s’attendre à un Championnat de France et là je vous prédis alors que la côte des anciens Capricorn et Nacra Infusion va remonter en flèche (ooops ils sont interdits  ou pas ? ;-) ). Pour les jeunes qui font du F18, pas grave ils devront avoir 2 supports, économique on vous dit. Tout le monde sait aussi que le prix des pièces pour rebooster un canot vieilli c’est cadeau. Bien sur, une GV neuve de Tiger est moins cher qu’une GV neuve de WildCat ? Laissons de côté l’aspect sécurité, l’omission ici est celle du vieillissement des pièces essentielles qui vont lâcher dans la brise. Avec de bons entraîneurs, les naufragés seront sauvés…

Comme tout cela vole en escadrille, il faut garder le meilleur pour la fin.  140 Kg d’équipage sur un F18 alourdi à 190 Kg,: ce sera très dur pour les équipages mixtes, ce qui n’a aucune importance sans doute au siège fédéral. Et mécaniquement le nombre de blessures et de dos abîmés définitivement est un autre objectif qui sera atteint …  Qu’importe ce sont des jeunes qui ont choisi le catamaran de sport.

Dans 10 ans combien aurons-nous de catsailors français(es) dans le top 10 mondial ? photo: FT.

Après quatre jours variés et complexes selon Cammas, le top 10 de la première épreuve 2015 de la sailing world cup  permet de constater que le catamaran de sport sur le support olympique regroupe des profils variés mais avec des tendances lourdes.  Et que la culture française de l’olympisme sur deux coques constitue un atout qui permet aux tricolores de briller dans cette discipline d’une voile olympique, pas pour les nuls, qui mérite sans doute mieux qu’un descriptif sans histoire.

Placer trois équipages dans le top 10 d’une épreuve mondiale n’est pas anodin

Deux médailles en or (1988, 1992),  des accessits à chaque fois le catamaran de sport apporte plus que son lot de performances depuis 30 ans à la France. Si on compare les moyens consacrés par la FFVoile avec d’autres disciplines cela pourraît laisser à penser que moins, c’est plus de médailles. Cela reste du mauvais esprit. Plus sérieusement, la culture catamaran du haut niveau française pèse lourd et  se transmet de coach en coach spécialisés et passionnés. Les jeunes en profitent, des groupes se font et au moins cinq équipages français forment un pack unique au monde, une  force de frappe redoutable pour progresser: Besson/Riou, Vaireaux/Audinet, Cammas/DeTurkheim, Ogereau/Vandame et les petits jeunes Laugier/Bellet.

Dans ce contexte un ou deux catamarans supplémentaires au JO et le fait que le top 10 mondial soit représenté sur les jeux et non la stupide règle imposée à la voile d’un équipage par nation rapporterait des médailles à la France comme en ski-cross ou potentiellement en perche. Voilà une action, M. Champion, a mener à l’ISAF et au CIO. Ne serait-ce que pour argumenter afin que l’Etat désargenté mais qui veut de la médaille, continue de financer la fédération, non ?

Tout le monde peut espérer briller en cata de sport mais avoir joué en Hobie Cat 16, Tornado et Formule 18 s’avère  statistiquement incontournable

40% des barreurs du top 10 après 4 jours variables et compliqués, sont passés par les flottes intenses avec les jolies voiles en couleurs et coques à bascule. Ne compter pas sur moi pour rappeler que c’est le support que la FFVoile a supprimé de la filière jeune en 2013. 20% sont des ex-Tornadistes, 30% issus de la formation noble du dériveur et ont su s’adapter au monde de la vitesse pour chasser la médaille. Cammas complète ce top 10, la star vient du large et de la F18 avec une équipière lasérienne. Un petit mot sur Iker Martinez l’Espagnol confirme que faire du deux coques c’est pas aussi facile que ça, même quand on vient d’un support véloce.

Le catamaran de sport de vieux ?

La persistance des ex-Tornadistes illustre que quand on commence le catamaran on n’en sort pas. Aussi et surtout que le  jeu de la régate rapide demande une expérience importante. Certains persiflerons que le poste de barreur n’est pas trop physique d’où Figueroa, Bundock et d’autres athlètes qui peuvent encore jouer. Et faire progresser les plus jeunes, rétorquerons les sages ;-) .

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